« Année de glands, année d’argent ». 2017 sera donc année d’argent. Pour qui ? Le proverbe ne le dit pas. C’est aussi cette vacuité des dictons qui assoit leur succès dans le temps. Peut-être faut-il y chercher un lien avec les anciennes glandées forestières qui permettaient d’engraisser les cochons et de les vendre à bon prix. Aujourd’hui, hormis le porc ibérique Bellota, il n’y a plus guère que les cochons sauvages qui profitent de cette manne tombée du ciel qui, dit-on, « chaufferait » leur sang. D’où cet autre dicton qui veut que « le sanglier de glands rend le chasseur ardent ».
Le cochon n’est pas le seul être balanophage, c’est-à-dire qui vit de glands. Pendant longtemps, le fruit du chêne fut l’aliment des Égyptiens et des peuples nomades. Mais pour obliger les hommes à labourer la terre, Jupiter – l’ancien, pas l’actuel – fit périr tous les chênes de la forêt de Dodone, nous enseignent les Géorgiques, l’œuvre poétique de Virgile consacrée au travail de la terre. C’est ainsi que les céréales ont remplacé les glands dans l’alimentation humaine.
Dans les grandes périodes de disette, le gland est cependant redevenu « aliment de nécessité » ou succédané de café en temps de guerre. Aujourd’hui, le gland refait son entrée dans la cuisine inventive et moderne. Allez, vous prendrez bien une soupe de glands au lard ? À moins que vous ne préfériez un fondant aux pommes à la farine de glands. Bienvenue dans le cercle réduit des balanophages.