Le pâturage de précision joue en faveur de la vigueur des plantes et permet aux prairies de mieux résister au déficit hydrique.

Dans le Grand-Ouest, l’année 2017 a été marquée par une météo particulière : début de saison poussant avec des températures supérieures de 3 ou 4 °C comparées à la moyenne et déficit hydrique de 25 à 30 % par rapport à la dernière décennie (source météo France). Ces conditions ont influencé la dynamique de pousse de l’herbe et par conséquent la gestion globale du pâturage.

Du hors-sol au pâturage de précision

Des éleveurs se sont adaptés en mettant en place le pâturage de précision. Cette conduite pointilleuse est basée sur le fonctionnement des plantes : « le troupeau ne restant pas plus de 12 à 24 heures sur le même paddock, avec des retours en cohésion avec la pousse, les plantes peuvent repartir plus vite », explique Florent Cotten, de chez PâtureSens. Ce temps de séjour court et les bons résiduels laissés en post pâturage n’impactent pas le système racinaire qui joue un rôle essentiel dans ces situations de stress hydrique. « Cette subdivision des prairies a clairement permis d’aller chercher l’herbe bien plus tôt, dès fin février, de mieux anticiper le débrayage de paddocks en faveur de la qualité des stocks pour l’hiver et de réaliser plus de rotations que dans l’ancien système de pâturage. J’ai nourri autant de génisses avec un tiers de surface en moins », témoigne Vincent Daboudet, du Gaec Gologouet (zone peu séchante, 18 % de déficit hydrique annuel, 2,8 UGB / ha) à Laurenan (22).

« L’amélioration de la flore en termes de vigueur des graminées et de proportion de trèfle est notable. Malgré l’année plus sèche, je me rends déjà compte que notre outil est sous chargé : plus d’animaux permettraient d’optimiser le potentiel agronomique de l’exploitation. » Même son de cloche au Gaec des 4 vents (zone sèche, 32 % de déficit hydrique, 4 UGB / ha), à Guéméné-Penfao (44), où Anthony Chauvin est passé d’un atelier lait hors-sol au pâturage de précision. « Avec seulement un an de recul, j’ai compris que l’herbe gérée intensi- vement, c’est technique mais logique. Fin mars, les laitières en paddock 24 heures et les génisses de plus de 3 mois en système couloir consommaient de l’herbe. Les croissances ont été aussi bonnes qu’en bâtiment (800 g de GMQ). Je reste impressionné de l’effet de cette approche sur la dynamique de pousse des plantes. »

La garantie flore estivale

Chez certains, l’implantation de flore estivale a aussi permis de faire face au manque d’eau à la période où les flores plus classiques (type RGA-TB) réépiaient par stress hydrique et avaient stoppé leur croissance. Ces luzerne ou chicorée par exemple permettent un repos des autres paddocks afin d’éviter tout surpâturage. Notamment, le cas le plus courant en condition chaude, l’accélération à contre-temps, c’est-à-dire revenir sur des plantes trop jeunes.

« Les vaches sont sorties dès le 9 février, et en jour – nuit depuis fin mars. Puis en juillet, nous avons affouragé de la luzerne en vert (3 – 4 kg de MS / VL) en complément. Aujourd’hui le troupeau est à nouveau en 100 % pâturage pour une production de 19 L par jour. Sur la saison, nous devrions dépasser les 13 t d’herbe / ha valorisées en pâturage. Quant aux génisses, elles alternent luzerne, chicorée ou plantain avec des croissances visuelles très satisfaisantes », raconte Jean-René Cotten de l’Earl du Vern (zone séchante en été, 26 % de déficit hydrique, 3,5 UGB/ ha), à Saint-Yvi (29). La flore d’été a aussi donné « un sacré coup de pouce dès juillet » chez Antony Chauvin. « Sans quoi j’aurai dû rentrer mes bovins bien plus tôt. Depuis le début de saison, en zone séchante, j’ai pu alterner entre 20 et 80 % de la ration en pâturage. »

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