Développer et fabriquer soi-même son outil : tel est l’objectif de l’Atelier Paysan, association qui se rend directement chez les producteurs pour mettre au point des solutions mécaniques.
Les productions maraîchères, gourmandes en main-d’œuvre, mettent aussi à contribution les corps avec des positions de travail parfois éprouvantes. Florent Palicot, un des associés de la Ferme du Fessiou, produit tout une large gamme de légumes sur la commune de La Forest-Landerneau (29). En octobre dernier, il a semé un couvert végétal composé d’un mélange de 200 kg de seigle pour 40 kg de vesce qui s’est développé durant la période hivernale.
Après une destruction à l’aide d’un rouleau Faca au 8 juin, il a planté différentes espèces de légumes avec, au préalable, un passage de strip-till pour travailler un minimum la terre, en guise d’essai. Habituellement, le jeune maraîcher travaille plus profondément le sol, « avec 6 passages successifs des planches sous plastique, ce qui assure une structure facile à planter ». Les autres planches, non travaillées, donnent plus de fil à retordre au producteur, la structure étant plus compacte.
Une canne à tout faire
L’idée est alors venue de développer une canne mécanique capable de planter, semer et de fertiliser en un seul geste. « Les granulés de fertilisant doivent être positionnés idéalement en dessous de la plante, afin de nourrir au plus vite les racines du végétal », explique Vincent Bratzlawsky, ingénieur formateur en autoconstruction pour l’Atelier Paysan sur le Grand-Ouest. Pour les opérateurs souffrant de maux de dos, la position est aussi idéale, les semis et plantation se réalisant debout, sans s’agenouiller.
Si le prototype n’est pas encore tout à fait au point, les résultats sont encourageants. « La canne fonctionne très bien sur paillage plastique, quand le sol a été travaillé. Sur couvert végétal ou sur compost, l’effort est encore trop important et la canne est trop sollicitée ». Des renforcements sont encore à prévoir, tout en gardant en tête la contrainte de légèreté de l’outil. « Les problèmes de rigidité vont être résolus, un retour d’un utilisateur pendant une journée entière renseignera sur la pénibilité ».
[caption id= »attachment_29516″ align= »aligncenter » width= »720″] Ces salades ont été plantées après un passage de strip-till,
et après destruction du couvert de seigle/vesce.[/caption]
Travailler sur l’itinéraire technique
Si les défauts de cette canne à planter vont être corrigés dans la 3e version, des réflexions sont encore à mener sur l’itinéraire technique. « Le seigle semé en octobre couvre au final peu les sols en hiver. Les précipitations compactent alors les sols. Cette année, nous avons attendu le plus longtemps possible pour détruire ce couvert, afin que la vesce se développe à son maximum, et pour libérer l’espace ».
Avec un couvert très ligneux au moment de sa destruction, des faims d’azote peuvent potentiellement apparaître, les courges peinent à se développer dans un sol dur avec peu de minéralisation. « Il nous reste aussi à régler la concurrence des vivaces en amont, à l’aide de bâchage ou de faux semis pendant l’été ». Les techniques avancent, les outils aussi.