Au Space, des éleveurs ont discuté de leurs choix d’investissement matériel, en phase avec leurs systèmes d’exploitation.
Entre la volonté de réduire au maximum le matériel et investir à long terme dans le but d’avoir de meilleures conditions de travail, plus de confort pour les animaux, davantage de productivité…, les stratégies d’équipement divergent sur les exploitations bretonnes. À l’image des choix présentés par les témoins lors d’un des débats « Les éleveurs parlent aux éleveurs » organisés par la FRGeda et Trame dans le cadre du Space.
Tout le matériel en propriété
David Renault, agriculteur à Étrelles (35), souhaite être propriétaire de tout son matériel, en l’entretenant régulièrement. « Tout a plus de 10 ans, jusqu’à 40 ans », explique le producteur qui a préféré investir dans un robot de traite neuf il y a 10 ans. « Je n’aimais pas traire. » Après une première année de mise en route difficile, le résultat est satisfaisant. « Le robot nous a fait gagner 1,5 à 2 h/jour. Et il permet d’embaucher plus facilement un salarié, car il offre de la souplesse au niveau des horaires. »
Cécile Planchais, installée à Noyal/Vilaine (35) avec son mari, préfère disposer de matériel performant, « de moins de 10 ans », acquis en Cuma sans chauffeur. « Les nouveaux investissements doivent être approuvés par l’ensemble des adhérents (12 exploitations). Les matériels sont stockés chez les producteurs qui réalisent eux-mêmes l’entretien. Mon mari et moi sommes responsables des épandeurs par exemple. »
« Les vers de terre remplacent les machines »
Savoir déléguer
Paul Diot, seul sur son exploitation, confie les travaux des champs à la Cuma de Piré/Seiche (35) qui emploie 6 salariés. « Il faut savoir déléguer en donnant des consignes claires quitte à être présent au démarrage du chantier. Mais nos chauffeurs sont de vrais professionnels, sans doute meilleurs que moi sur un tracteur et pour utiliser les nouvelles technologies… Il faut savoir reconnaître les compétences des autres. J’ai par contre gardé la pulvérisation avec du matériel en copropriété. » Pour répondre à la demande au moment des ensilages, des échanges de machines sont réalisés avec la Cuma de Louvigné-du-désert située plus au nord.
Aurélie Barbot et son mari qui ont un parcellaire morcelé et éloigné délèguent quasiment tous les travaux des champs, y compris la pulvérisation, aux ETA et Cuma. « En lien avec l’augmentation de notre production, de 200 000 L en 2006 à 740 000 L aujourd’hui, nous avons investi dans du matériel pour les vaches laitières, dans l’aménagement des bâtiments, un racleur, un Dac… »
Investissements raisonnés
Cyrille Guilloteau, en lait bio à Pancé (35) avec sa femme, investit de manière raisonnée. « Je préfère payer plus de MSA », précise-t-il. À son installation en 2010, il avait gardé les quatre tracteurs du cédant. Un seul a été remplacé depuis par un tracteur de 100 CV d’occasion. « J’aime bien l’entretien et la mécanique, j’ai fait un atelier à côté de la ferme. » Déléguant certains travaux (ou louant du matériel) à la Cuma ou l’ETA, Cyrille Guilloteau a toutefois acquis son propre matériel pour la gestion de l’herbe qui occupe ¾ de sa SAU. À 360 €/ha, le coût de mécanisation reste faible. « Et notre objectif d’avoir du temps pour nous et notre famille est atteint. Un week-end sur deux, nous faisons appel au service de remplacement. »
