Le groupe Agriculture au féminin regrette le manque de place accordée aux femmes dans les médias. Sa réunion départementale annuelle est donc consacrée à cette question légitime alors que tout le monde, dans la vie professionnelle ou dans l’espace privé, peut avoir l’occasion de parler à la presse.
[caption id= »attachment_29511″ align= »alignright » width= »176″] Sylvie Tranchevent, Agriculture au féminin[/caption]
Pour sa 12e journée départementale, les membres du comité professionnel « Agriculture au féminin » Côtes d’Armor ont choisi de dédier leur rendez-vous annuel à la question des médias. « Nous avons feuilleté différentes revues professionnelles et constaté assez clairement que les femmes sont en retrait, voire absentes dans la presse agricole. Les hommes, eux, portent la parole, sont régulièrement mis en avant à travers les reportages ou interviews », démarre Sylvie Tranchevent, Costarmoricaine engagée au sein du groupe régional Égalité, parité et agriculture au féminin. « Cette invisibilité des femmes, vient-elle des femmes ou des médias ? », s’interroge la responsable.
« Absentes dans les autres espaces sociaux »
Sandy Montanola et Béatrice Damian-Gaillard, chercheures en sociologie à Rennes et enseignantes à l’IUT de journalisme de Lannion, ont travaillé à la programmation de cette journée de mardi 19 septembre. « Ce à quoi sont confrontées les agricultrices, les salariées du secteur ou les femmes en milieu rural dans les médias n’est pas de leur fait. D’ailleurs, elles ne sont pas seules dans cette situation. Toutes les femmes, en général, sont peu représentées dans les espaces médiatiques mais aussi dans l’espace politique ou dans la direction des entreprises… Peu importe le milieu, peu importe la corporation, c’est une constante », déplorent-elles. En s’intéressant au sujet, on découvre bien souvent que les femmes ne se sentent pas légitimes pour parler et ne veulent pas s’exprimer sur des sujets qu’elles ne maîtrisent pas parfaitement. « Elles ont tendance à surcompenser par le niveau d’étude ou l’expérience avant d’oser se jeter à l’eau. »
Ne pas laisser les autres parler à sa place
Les deux spécialistes insistent pourtant sur la nécessité de prendre une place, de prendre sa place, de se faire entendre. « Les médias locaux peuvent influencer les politiques publiques qui peuvent, elles, impacter la vie des exploitations et des familles. D’une manière plus globale, sans représentation de son groupe professionnel dans les médias, le grand public continue d’ignorer les difficultés vécues, le mode de vie des agriculteurs, leurs attentes… Et surtout, cette absence laisse la place à d’autres pour développer des stéréotypes… » Béatrice Damian-Gaillard rappelle notamment que les médias constituent « un espace de lutte et de représentation ». Mais aussi un terrain pour valoriser les points positifs de son métier, en soigner l’image, car dans toutes les professions, « nous avons tous besoin de reconnaissance ».
Des ateliers pour se tester
Pour les organisatrices, il est donc essentiel de mieux comprendre les rouages du métier de journaliste, « premier pas pour saisir leurs attentes et établir des ponts ». Comme à chaque fois, la rencontre Agriculture au féminin cherche à former autant qu’à informer. Un moment privilégié pour découvrir des outils, prendre confiance et se tester. Avec l’objectif de passer « du faire-valoir au savoir-faire », sourit Sylvie Tranchevent. Par exemple, en matinée, des élèves de l’IUT de Lannion proposeront des exercices de mise en situation. « Face à des journalistes en formation, les participantes auront l’occasion de prendre part à des ateliers sous différentes formes. Devant une caméra, un micro comme à la radio, voire à l’écrit… », expliquent Béatrice Damian-Gaillard et Sandy Montanola. « Bien sûr que la prise de parole, c’est difficile. Personne ne sera d’ailleurs obligé de passer. Mais c’est vraiment une belle occasion de s’entraîner, d’essayer de comprendre comment je peux sensibiliser un journaliste quand je m’exprime, voir si mon discours est efficace… »
Et puis, ce rendez-vous sera un lieu de débat pour discuter de son appréhension, de ses critiques personnelles envers les médias… « Mais aussi du fonctionnement des différents médias. Mieux comprendre les contraintes auxquelles les journalistes sont confrontées pour les intégrer dans sa manière de communiquer. » Après avoir regardé derrière la « boîte noire de la fabrication de l’information », les femmes seront peut-être « moins intimidées » et prêtes à occuper davantage l’espace médiatique qui leur revient.
Mardi 19 septembre, de 9 h 30 à 16 h, à la Maison de l’agriculture à Plérin. Informations
et inscription : 02 96 79 22 02.