Après l’arrivée du robot de traite qui a apporté de la souplesse dans l’organisation au Gaec des Sources, l’automate repousse-fourrage a fini de lever l’astreinte physique et de temps autour de la table d’alimentation.
Patrice et Christine Toquet sont producteurs de lait à Plaine-Haute (22). Dans leur ancienne installation 2 x 4, les deux traites du troupeau de 55 laitières occupaient quatre heures par jour. « C’était devenu primordial pour nous de dégager du temps libre. » Ils ont d’abord imaginé opter pour une installation en TPA, plus confortable et avec un meilleur rendement. Mais rallonger les quais voulait aussi dire agrandir le bâtiment. « À l’arrivée, le coût d’investissement était proche de l’option robot qui ne nécessitait pas de toucher à l’enceinte. » La stalle automatisée a donc été inaugurée en janvier 2016.
Avec 20 mois de recul, le couple apprécie. « Nous avons gagné beaucoup de souplesse horaire. Une seule personne peut maintenant gérer les veaux, l’entretien des logettes et effectuer le suivi autour des laitières et du robot. » Selon eux, les alarmes sont rares.
Pour réussir cette transition, le cheptel a été rajeuni avec 60 % de primipares au démarrage. « Les vieilles vaches ont plus de difficulté à prendre le rythme du système robot : leur cycle habituel est rompu », explique le Costarmoricain. Le niveau d’étable autour de 10 500 kg / VL / an s’est maintenu. La qualité du lait n’a pas été impactée. « En 20 mois, pas un point de pénalité dû aux cellules. »
[caption id= »attachment_29628″ align= »aligncenter » width= »720″] Grâce à la robotisation, Carine et Céline, les filles de Patrice et Christine Toquet, qui ne travaillent pas dans le secteur agricole sont capables de gérer l’exploitation pour un week-end. La famille pose derrière le Cow-Boy, l’automate repousse-fourrage (45 modèles installés en France à l’heure actuelle).[/caption]
Un Cow-Boy dans le bâtiment
« L’automate trayait bien et nous a rapidement libérés du temps. Mais à l’auge, les vaches ne consommaient pas correctement », raconte le couple. « Pour les stimuler, nous venions cinq fois par jour repousser la ration au rabot manuel le long des 100 m de table d’alimentation. Une corvée physique… » Il y avait bien la possibilité d’une lame poussée par un quad ou un tracteur. « Mais il fallait toujours un chauffeur. L’astreinte d’être présent régulièrement aurait été là. » La solution est encore venue de la technologie. « Au Space dernier, j’avais repéré un prototype de robot repousse-fourrage », raconte Patrice Toquet.
En avril dernier, le Cow-Boy développé par la société française ALB Innovation a débarqué (environ 14 000 €). « Il a suffi de rainurer les bétons pour tracer les parcours de cet automate filoguidé qui peut évoluer sur des pentes allant jusqu’à 15 %. En une journée, il était opérationnel », explique-t-on du côté de la concession Méheust qui distribue le produit. Désormais, avec son mouvement de va-et-vient si particulier qui évite de forcer, le Cow-Boy s’assure que la ration est toujours accessible aux animaux grâce à ses multiples tournées dans la journée. De plus, sa lame escamotable en caoutchouc lui permet de racler les refus avant la distribution de la ration le matin.
Inséminer plus jeune
Déchargés de l’astreinte, les éleveurs sont ravis. « Et nous ne nous y attendions pas, mais la production laitière quotidienne des vaches a gagné 2 kg. Il y a également moins de refus dans l’auge : avant, nous avions tendance à distribuer un peu plus de ration… » L’apport du Cow-Boy est peut-être encore plus visible chez les génisses logées de l’autre côté du couloir d’alimentation. Un gros andain d’un mélange fibreux leur est distribué tous les trois jours. Dès que le repousse-fourrage passe, elles se lèvent et vont à l’auge. « Elles mangent plus : leur portion est désormais consommée en une demi-journée de moins. À l’œil, on sent que les croissances sont améliorées. Et surtout, nous avons gagné un mois sur l’âge à la mise à la reproduction. Désormais vers 13 – 14 mois. »
« La moitié des vaches inséminées à l’aveugle »
Mais le coup de pouce le plus sérieux vient peut-être de la mesure du taux de progestérone. Le niveau de cette hormone renseigne sur le moment du cycle sexuel de la vache. « Le logiciel indique le meilleur moment pour inséminer, le pourcentage de réussite attendu… » Auparavant, la détection des chaleurs était difficile dans ce système logettes. Les vaches ne les manifestaient pas. « Aujourd’hui, face à ces chaleurs silencieuses, nous inséminons la moitié des vaches à l’aveugle. Et cela fonctionne bien : nous avons gagné au moins 20 jours d’intervalle vêlage-vêlage. »
Les commentaires sont désactivés.