Biodiversité : voyage au centre de la haie

Les champs cultivés par Bernard Pouliquen présentent une très bonne continuité, avec un mélange de nombreuses espèces. - Illustration Biodiversité : voyage au centre de la haie
Les champs cultivés par Bernard Pouliquen présentent une très bonne continuité, avec un mélange de nombreuses espèces.
Les haies bocagères grouillent de vie et apportent une aide considérable et positive aux cultures.

« La haie, source de biodiversité, nous rend des services écosystémiques », introduit David Rolland, technicien à la fédération départementale des chasseurs du 22, et intervenant lors de la semaine de l’Élorn. Présent sur l’exploitation de Bernard Pouliquen, producteur sensible à ces questions, installé au Tréhou, le spécialiste a décrit les mœurs des animaux vivant dans et aux abords des haies, ainsi que leur fonction de puissant régulateur.

La haie, milieu complexe

Les différents compartiments de la haie bocagère ont vocation à créer des espaces de vie, aussi bien pour « la reproduction, l’alimentation, l’abri, les parades ou encore des postes de guet pour la chasse. Une haie est riche quand elle est multistrate. Un des premiers objectifs est de connecter ces haies. Si une interruption vient couper ce maillage, certaines espèces n’iront pas traverser la culture pour s’installer plus loin ». La crainte des agriculteurs reste toujours les pullulations de ravageurs. Plus le milieu est complexe, plus chaque espèce aura une présence de son ou ses prédateurs.

[caption id= »attachment_30091″ align= »aligncenter » width= »720″]David Rolland, technicien à la fédération de chasse des Côtes d’Armor, est intervenu lors de la semaine de l’Élorn. David Rolland, technicien à la fédération de chasse des Côtes d’Armor, est intervenu lors de la semaine de l’Élorn.[/caption]

« Ce que l’on observe, c’est ce qui n’a pas été consommé. 1 couple de mésange bleue a la capacité de consommer entre 8 et 12 000 chenilles sur une période de 15 jours pour nourrir ses poussins. La chouette effraie attrape environ 10 000 campagnols par an, quand la chauve-souris pipistrelle mange 3 000 insectes par nuit ». Sur les 21 espèces de chauve-souris rencontrées en Bretagne, 14 sont directement liées au bocage. « Plus il y a d’espèces, plus l’espace chassé est important ».

Les carabes sont voraces

Dans la famille des coléoptères, les carabes tiennent un rôle régulateur majeur. Très abondants en nombre et en diversité d’espèces, ils ont chacun des exigences alimentaires fines. « Les gros carabes sont aptères et vivent à l’échelle du mètre carré. Certains, comme le Poecilus Cupréus, dévorent 100 pucerons par jour. Pterosticus Melanarius s’attaquera d’avantage aux limaces et à ses œufs. Les carabes peuvent consommer jusque 3 fois leur poids par jour, et 1 seul hectare peut contenir 1 millions d’individus ». Les hauts de talus, plutôt de type forestier, conviendront mieux à certains carabes, tout en sachant que « l’ourlet herbeux proposera une diversité supérieure, avec un effet lisière ».

Le lierre est un cadeau du ciel

Parfois, des espèces qui semblent envahissantes ont mauvaise presse. C’est le cas de la ronce ou du lierre. « Le lierre est un cadeau du ciel, il ne contraint pas la croissance de l’arbre. C’est aussi la dernière plante naturelle à fleurir, et son pollen a des propriétés antiseptiques bénéfiques aux abeilles avant l’hiver ». La ronce aura un effet de liane, nourrissant au passage de nombreux animaux par ses fruits et ses fleurs largement butinées car riches en nectar. Elle donnera enfin une structure à la haie bocagère.

Entretien minimal

La valorisation d’une haie ne se fera pas sur le même pas de temps suivant la conduite. « Un taillis sera coupé entre 10 et 25 ans, contre 30 à 80 ans pour une futaie ». Si les coupes à blanc sont à bannir, il faut « penser au potentiel de régénération naturelle avant de penser à des plantations. Pour les bords de champs, un passage léger d’épareuse tous les 2 ans suffit ».


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