Paysan Breton, comme d’autres journaux bretons, a reçu une lettre ouverte intitulée « Kenavo Jean-Michel ». Cette lettre signée « Famille et amis de Jean-Michel » témoigne de la détresse d’un homme, d’un éleveur, qui s’est suicidé. Les signataires qui dénoncent le « lynchage d’un homme démuni face à une poignée d’insensibles » ont souhaité la publication de cette lettre pour « nourrir la réflexion de chacun ». La rédaction publie cette lettre dans son intégralité :
« Jean-Michel était un fils, un frère, un parrain, un oncle, un cousin, un ami, un conseiller municipal, un éleveur. Un éleveur comme beaucoup de ses collègues, soucieux de faire de son mieux un métier délicat, ingrat – souvent jugé et pointé du doigt par certains – dont quelques médias se font les porte-paroles – parfois sans pitié ni recul suffisant – laissant derrière leur retour « d’information », la solitude, la culpabilité et le désespoir d’un homme.
Jean-Michel Le Troadec était un éleveur de porcs courageux, rigoureux, passionné, fier de son travail dans lequel il s’épanouissait. C’était un homme reconnu par ses pairs et bien au-delà. Malheureusement, dans la nuit du 8 au 9 avril, sa vie est devenue un cauchemar : un accident oui un accident, a entraîné la destruction d’une partie de sa porcherie – son outil de travail – avec une conséquence visible : la pollution du Jaudy – Jean-Michel en avait conscience, il en était très affecté et était prêt à assumer.
Mais au prétexte qu’il n’y avait pas « mort d’homme », comme s’autorisent à dire certains, nous – les siens – avons assisté à la traque, au lynchage d’un homme, démuni face à une poignée d’insensibles, qui au motif de défendre l’environnement ou de relater des faits, se sont comportés comme des rapaces, salissant un homme et une profession. Il fallait sans doute un bouc-émissaire.
Jean-Michel a mis fin à ses jours le 30 août. Si le suicide d’un être humain est probablement l’aboutissement fatal de diverses raisons, s’il vous plaît, vous, dont la mission ou le métier est d’alerter ou d’informer, ne négligez pas l’humain. Que ce malheur qui nous laisse dans la tristesse et la douleur, nourrisse la réflexion de chacun. »