Le Festival AlimenTerre donne l’occasion aux lycées agricoles comme Kernilien de réfléchir sur la souveraineté alimentaire, l’agriculture familiale ou la biodiversité.
Le lycée agricole de Kernilien-Guingamp s’illustre encore une fois par sa créativité. Déjà lauréat l’année précédente dans le cadre du concours national AlimenTerre, un groupe d’élèves, aujourd’hui en classe de 1re STAV, a été désigné au printemps coup de cœur du jury pour leur vidéo « Les champs du possible ». Les élèves nous parlent de cette initiative collective : « Notre film est réalisé en stop motion, c’est-à-dire que nous l’avons fabriqué seulement à partir de photos assemblées ensuite à une vitesse de 15 images par seconde. »
Smartphone du directeur, Playmobil des élèves
Pour ce faire, il a fallu réquisitionner les Smartphones de certains élèves « et même ceux des directeurs ». Au total, c’est une quarantaine d’heures de tournage et de montage. L’histoire de près de 7 minutes s’intéresse « à l’accroissement démographique d’ici 2050, à la raréfaction des terres cultivables en France et dans le monde, aux notions d’agriculture familiale, de biodiversité, d’agronomie, d’agroforesterie, d’importance des légumineuses dans les assolements, mais aussi au gaspillage alimentaire lié à des problèmes de stockage dans certaines zones de production, dans les frigos de chacun ou dans les grandes surfaces… » C’est-à-dire toutes les questions soulevées depuis 10 ans par les films diffusés à travers la France dans le cadre du festival AlimenTerre.
Pour matérialiser tous ces sujets documentés en amont « à travers des articles de presse notamment », le spectateur suit des personnages Playmobil qui se déplacent à la découverte d’expériences et d’initiatives menées partout sur la planète. « Nous avons rassemblé trois caisses de jouets, acheté quelques éléments sur des sites de petites annonces… Ce travail en commun nous a soudés entre élèves et permis de développer une autre relation avec les professeurs qui nous ont accompagnés », apprécient les lycéens. « Le prix reçu nous donne aussi l’occasion de nous exprimer dans la presse pour défendre et expliquer notre projet ou encore rencontrer les autres acteurs organisateurs du Festival AlimenTerre dans les Côtes d’Armor. Ce sont des opportunités formatrices complémentaires de l’enseignement au lycée », analysent-ils avec clairvoyance.
Un film puis un débat
À leur côté, Marie Le Gac, coordinatrice du Résia, structure regroupant plusieurs associations et coordonnant les projections de films d’AlimenTerre à travers le territoire des Côtes d’Armor, poursuit. « Cette année, le festival sera l’occasion d’une dizaine de projections publiques à travers tout le département. Il y en aura autant dans le cadre scolaire. Malbouffe, souveraineté alimentaire, agriculture familiale… Ce sont des sujets qui nous concernent tous. Chacun des rendez-vous est l’occasion de constats à travers la diffusion de films et documentaires, mais aussi d’émergence de solutions ou d’alternative à travers les débats proposés après projection avec des réalisateurs, des agriculteurs du territoire ou des acteurs étrangers. On espère par exemple accueillir cette année une productrice sénégalaise ou un syndicaliste hondurien de la filière de la banane… »
