Dans la filière poulet de chair bio, la demande est supérieure à l’offre alors que la production approche des 10 millions de têtes. La volaille bio grappille tous les ans des parts de marché sur le label et le standard.
La production d’œufs biologiques se développe rapidement depuis que l’œuf cage n’a plus la cote en GMS et chez les industriels. Par contre, en volaille de chair biologique, la production peine à suivre la demande. Pour enclencher une dynamique de production sur un secteur, l’idéal est d’avoir un abattoir spécialisé ou un qui accepte d’abattre de volailles biologiques en parallèle du standard. À l’échelle française, la volaille de chair biologique est une niche qui représente 1 % de la production nationale.
En 2016, la production a atteint 9,7 millions (de poulets bio). « Le marché est en croissance régulière depuis plusieurs années. Il était estimé à 160 millions d’euros en 2015 avec une augmentation de 10 % par rapport à 2014. Pour 2016, l’estimation est de 177 millions d’euros soit une progression de 11 % par rapport à l’année précédente », déclare Juliette Protino, chargée de mission au Synalaf (Syndicat national des labels avicoles de France) lors d’une conférence au Space à Rennes (35). En 2016, la France totalisait 794 exploitations en production de poulets biologiques, soit 5 % de plus qu’en 2015. Depuis 2 000, nous sommes le 1er pays producteur de l’Union européenne devant l’Italie, la Belgique et le Royaume-Uni.
Un prix moyen de 9,60 €/kg pour un poulet bio
Les poulets bio prennent de plus en plus d’ampleur dans le panier des ménages français. Selon les chiffres Kantar Worldpanel prenant en compte les achats réalisés par les ménages en GMS et autres circuits spécifiques (sans la RHD*) le poulet bio gagne du terrain et capte des parts de marché sur le label et le standard.
Le prêt à cuire (Pac) pèse pour 9,6 % des achats, il est en progression de 1,2 % par rapport à 2015. La découpe de poulet représente 3,9 % des achats avec une augmentation de 0,4 %. « Sur la découpe c’est plus compliqué d’être présent. La demande est forte sur le filet et bien moindre sur les autres morceaux qui doivent malgré tout être valorisés », précise la chargée de mission au Synalaf. Le prix moyen du poulet bio Pac en 2016 est de 9,60 €/kg en augmentation de 1,4 % par rapport à 2015. « Les promotions sont quasi inexistantes alors qu’elles sont très nombreuses en label. C’est une aubaine pour la filière qui sait exactement où elle va et arrive à conserver ses marges.
Les GMS cherchent à développer de plus en plus leurs marques de distributeur (MDD) pour tenter de baisser les prix à la vente mais nous résistons. Nous cherchons plutôt à créer des marques pour maintenir un niveau de prix qui rémunère tous les maillons de la filière dont le producteur », témoigne Pierre-Luc Pavageau, éleveur bio à Boussay (44) et administrateur chez Terrena.
10 % de la production est exportée
Le Synalaf estime que 10 % de la production des volailles fermières biologiques est exportée, soit 1 142 tonnes en 2016 (+ 13 %/2015). Les découpes représentent 56 % des exportations totales de volailles bio (+ 14 %/2015). « Elles sont destinées essentiellement au marché européen. 66 % des volumes exportés en 2016 l’ont été vers la Belgique, l’Allemagne et les Pays-Bas », chiffre Juliette Protino. Ces volailles bio séduisent certains marchés à l’export malgré les spécificités françaises. « En France, nos volailles bio ont une durée d’élevage d’au moins 81 jours. Chez certains voisins européens, elles sont abattues à l’âge de 55 jours », indique Marc Pousin, éleveur de volailles de chair bio dans les Deux-Sèvres et président de Volailles Bio de l’Ouest. Il ajoute : « Nous subissons aussi la concurrence des productions nationales et alternatives qui se développent au sein de l’Union européenne comme : le « Free Range », « Chicken of Tomorrow » ou encore « Beterleven » qui créent la confusion chez les consommateurs. Mais malgré tout notre filière est dynamique et porteuse d’avenir.
[caption id= »attachment_30421″ align= »alignright » width= »196″] Denis Paturel, Secrétaire d’Initiative Bio Bretagne[/caption]
Le lien au sol, un grand principe fondamental de la bio
Le développement nécessaire des productions bio, afin de répondre au marché, doit se faire sur des modèles conformes au cahier des charges de l’agriculture biologique. Néanmoins, ils devront aussi être en ligne avec les attentes sociétales en termes de taille d’élevage et de traçabilité. C’est la raison pour laquelle le principe fondamental du lien au sol doit être respecté, avec un minimum de reconversion des surfaces agricoles, et ce, quelle que soit la taille de l’exploitation. En effet, le manque de matières premières agricoles françaises issues de l’agriculture biologique, pourrait être préjudiciable à court terme, et poserait de gros soucis pour le respect du cahier des charges dans la fabrication des aliments du bétail. Rappelons que le projet du nouveau règlement bio évoque la nécessité, s’il est validé ainsi, d’avoir un minimum de 30 % de lien au sol.
Denis Paturel, Secrétaire d’Initiative Bio Bretagne