Son rouge vermeil mis en lumière par les nuances d’un matin d’octobre dévoile la cenelle dans sa superbe automnale. Quand les jours déclinent, l’aubépine offre un remake du temps des cerises. Après les premières gelées, le festin des passereaux peut commencer.
Comme tous les ans à pareille époque, ces baies sauvages en forme de tonnelet invitent les oiseaux au banquet. Car, à la différence de certains fruitiers qui pratiquent l’alternance, l’aubépinier fructifie avec la régularité de l’horloge biologique. Le « buisson-ardent » près duquel Moïse vit la première fois Dieu est ainsi un éternel paradis pour les oiseaux qui se régalent de « poires à Bon Dieu » ou « poires du Seigneur. »
Mais, si les oiseaux friands des petites grappes en triangle s’y sentent protégés par quelque gardien des cieux, c’est moins par le divin que par les épines effilées de l’aubépinier tant redoutées des prédateurs. Aux agapes des cenelles les oiseaux sont rois. Et encore davantage le rouge-gorge breton dont un peu de sang aurait, dit-on, taché sa poitrine après qu’il eut cassé avec son bec une épine de la couronne de Jésus. Avoir ainsi eu le privilège de tenir en son bec une aiguille qui a touché le front du fils de Dieu a placé le vénéré oiseau sous le double patronage de Dieu et des hommes. À moins que ce ne soient les hommes eux-mêmes qui sont protégés par les pouvoirs magiques de l’aubépine blanche présente dans de nombreux rituels de guérison comme l’évoque le vétérinaire, Christophe Auray, au travers de son « Enquête sur les remèdes traditionnels en Bretagne ».