Pour la première fois dans les Côtes d’Armor, le Gab 22 a organisé une journée dédiée à l’agriculture biologique dans un établissement scolaire. Les élèves ont suivi des conférences par filière en matinée avant de visiter des exploitations l’après-midi.
« La terre est notre métier », le salon professionnel agricole du réseau Gab-Frab est désormais organisé tous les deux ans à Retiers (35). Entre deux éditions, les acteurs de la bio ont décidé d’intercaler un rendez-vous en milieu scolaire. Ce dernier s’est déroulé jeudi 28 septembre sur le pôle de formation de la Ville Davy à Quessoy. Une première dans les Côtes d’Armor. « Dès le départ, à l’appel du Gab, nous avons été enthousiastes d’accueillir cette journée dans nos murs. Recevoir des groupes extérieurs, des professionnels, est une des missions de l’établissement. C’était une excellente opportunité d’offrir un plateau de conférences en matinée et des visites de ferme l’après-midi », explique Bernard David, le directeur de l’école.
« L’ouverture à la bio existe déjà dans nos cycles de formation. Mais quand il y a de vraies possibilités d’aller sur le terrain, il faut en profiter. D’autant que certains de nos élèves ont déjà des projets d’installations agricoles… » Il souligne l’importance pour ces jeunes, qui seront pour certains salariés ou exploitants demain, de connaître tous les créneaux possibles, « d’avoir toutes les clés ou les cartes en main » pour choisir ce qui leur correspond le mieux ou un créneau plus porteur qu’un autre. Les enseignants en tirent parti également « en développant de l’interconnaissance avec les animateurs du Gab qui pourrait déboucher sur des interventions ou d’autres visites d’exploitations ».
Flécher davantage d’élèves vers l’élevage
Sarah Choupault, animatrice technique au Gab 22, poursuit : « Pour nous, c’est l’occasion de sensibiliser les jeunes aux différentes filières existantes. Notamment pour tenter de susciter des vocations en élevage alors que beaucoup de porteurs de projets en bio sont attirés par le maraîchage. » La jeune femme rappelle la réalité du chantier régional sur le volet transmission. « 30 % des fermes laitières bretonnes sont à reprendre dans les 10 ans. L’agriculture biologique peut être une voie pour redonner de l’attractivité à certaines structures conventionnelles petites ou moyennes, mais aussi pour offrir des perspectives plus stables dans le temps. Sans oublier que des éleveurs en bio vont également partir à la retraite… »
En matinée, les 259 élèves présents issus de sept établissements (la Ville Davy bien sûr, mais aussi Saint-Ilan, la MFR de Loudéac, le centre de formation de Quintenic, les lycées agricoles de Caulnes, Pommerit et Kernilien) se sont répartis dans les salles pour suivre, chacun, deux conférences parmi les cinq organisées : production porcine, conduite des cultures, conversion en atelier laitier, commercialisation, maraîchage diversifié. Des temps forts présentés par les animateurs du Gab, mais aussi par l’agronome Yves Hardy ou l’éleveur de porc Serge Lanneshoa, installé à Pédernec. Ce dernier a ainsi témoigné de son histoire devant les élèves.
« Sur une surface de 130 ha, mes associés et moi élevons des vaches allaitantes, des porcs et des poules pondeuses. Nous avons travaillé plus de 15 ans en porc label rouge. Depuis six ans, nous travaillons en bio. En 2016, nous avons enfin décidé d’investir dans un nouveau bâtiment de 450 places équivalent charcutiers et une faf avec machine à soupe. Nous recherchons le maximum d’autonomie concernant l’alimentation et on peut considérer que les cultures sont une 4e production à part entière. Aujourd’hui, 80 % de la nourriture des porcs provient de nos cultures. Nous achetons les porcelets à l’extérieur, nous les élevons et les vendons une fois engraissés. La valorisation moyenne est de l’ordre de 3,6 € / kg carcasse… » Un langage franc et clair qui a su captiver les étudiants curieux.