Dans une récente étude, les éleveurs les plus résilients aux aléas de conjoncture et climatiques de ces dernières années listent tous en priorité n°1 un bâtiment fonctionnel.
Le bâtiment ovin peut changer complètement d’agencement des aires paillées du matin au soir. « L’ère des palettes est quasi terminée. C’était bien mais il y a mieux… », ont témoigné des éleveurs au Space à Rennes, lors d’une conférence organisée dans le cadre d’Inn’Ovin. La filière ovine y a démontré qu’il est possible d’améliorer les conditions de travail en élevage ovin, un thème qui n’échappe pas aux animaux à petit gabarit, d’autant plus que l’on gère des grands lots, à condition de bien raisonner son installation. Une priorité même pour la filière, pour favoriser l’attractivité du métier, alors qu’elle s’engage à recruter près de 10 000 éleveurs dans la prochaine décennie, pour assurer le renouvellement des générations mais également le maintien de la production.
Prioriser les investissements
« Parce que les résultats économiques se sont améliorés et que le cours de l’agneau subit moins de variations que dans les années 90, les élevages ovins ont pu se moderniser au cours ces dernières décennies, permettant d’améliorer les conditions de travail dans tous les systèmes, des plus pâturants aux plus intensifs », rappelle Vincent Bellet, de l’Institut de l’Élevage. « Toutefois, il faut prioriser ses investissements pour ne pas faire d’erreur », insiste-t-il. Une étude, élaborée dans le cadre des réseaux d’élevage a permis d’analyser les résultats des élevages les plus efficients, c’est-à-dire ceux qui ont le mieux résisté aux aléas (variation de prix de l’agneau, de l’aliment, de l’énergie et impact de la sécheresse de 2011), permettant de dégager un revenu supérieur à 30 000 €/ UTH/an sur la période de 2007 à 2013.
Pour ces éleveurs, la priorité n°1, ce sont les bâtiments. Si on dresse leur profil, ces derniers sont avant tout animaliers, passant beaucoup de temps en bergerie. Qu’elle soit en dur ou sous forme d’un tunnel, il est primordial qu’elle soit fonctionnelle pour optimiser les équipements. Mais tout en raisonnant les investissements. Dans l’étude, le poste bâtiment ne représente que 5 % du coût de production, ce dernier s’élevant à 10,9 €/kg, intégrant une rémunération à 1,6 Smic. Les éleveurs de ce panel plus efficient ont un profil plus gestionnaire que les autres. « Ils se renseignent, se forment, sont à l’affût de nouvelles idées, anticipent et se projettent dans l’avenir », décrit Vincent Bellet. Pour eux, le matériel est secondaire, permettant une maîtrise des charges de structure.
Pour s’équiper, ils ont souvent recours à différentes solutions en privilégiant le matériel d’occasion, la copropriété, la délégation à la Cuma ou à l’ETA. « Pour rationaliser son travail ou diminuer la pénibilité, l’éleveur peut et doit raisonner par tâches. Et parmi les principaux postes gourmands en main-d’œuvre, on retiendra la gestion de la période des mises bas avec l’agencement des cases d’agnelage, la distribution de l’alimentation, les tournées des pâturages et le travail saisonnier (tri d’animaux, échographies, parage d’onglons, traitements…).»
Un logiciel indispensable pour la gestion de troupeau
Les nouveaux installés qui ont témoigné lors de cette conférence ont réfléchi à la disposition de leurs bâtiments, à la contention, à la gestion du troupeau avec l’identification électronique et des logiciels informatiques (voir page 3). « L’utilisation de l’identification électronique est quotidienne », témoignent en chœur ces jeunes éleveurs. Aucun papier ne traîne dans la bergerie. Et pourtant, toute intervention est notée et archivée. Avec la possibilité de faire plus de pesées pour un meilleur suivi de croissance, des tris d’animaux et à la clé, des gains en coût alimentaire. Pour maîtriser cette charge, ce suivi est d’autant plus important pour ceux qui ont un système en bergerie intégrale.
Le travail dans les pâtures
Pour les autres, ils valorisent les prairies avant tout par le pâturage. On retrouve le profil des éleveurs de cette étude des élevages plus efficients, que l’on peut qualifier de « cultivateurs d’herbe », selon Vincent Bellet. Après l’optimisation des bâtiments, le travail dans les pâtures suit cette évolution avec l’apparition des quads et des clôtures actives. Car cette pratique économe peut néanmoins être très gourmande en temps de travail.
[caption id= »attachment_30263″ align= »alignright » width= »152″] Jean-Paul Rault, Comité Inn’Ovin Ouest[/caption]
Avoir envie d’aller travailler
Au cours de ces dernières années, l’élevage ovin s’est fortement modernisé. Indispensable car on ne peut bien travailler que si on a envie d’aller réaliser les tâches quotidiennes, dans de bonnes conditions de travail. C’est un des enjeux du programme national Inn’Ovin : diffuser l’information pour que chaque éleveur ou personne intéressée par la production trouve la ou les solutions qui lui conviennent. Mais il ne faut pas oublier la génétique, qui évolue aussi pour fournir aux éleveurs des brebis plus maternelles qui vont faciliter l’agnelage et donner des agneaux plus vigoureux. Jean-Paul Rault, Comité Inn'Ovin Ouest