A l’heure où la compétition « feed/food »* fait débat, la Coopérative Le Gouessant, basée à Lamballe (22), innove en faveur de l’autonomie protéique des exploitations agricoles bretonnes. Elle incite ses agriculteurs adhérents à remettre au goût du jour une culture oubliée : la féverole. Près de 400 hectares ont été implantés avec succès durant la campagne 2017.
Communiqué Le Gouessant du 20 novembre
Face à la croissance de la demande alimentaire mondiale, l’élevage est régulièrement montré du doigt dans la mesure où veaux, vaches, cochons et couvées consomment davantage de végétaux qu’ils ne produisent de lait, de viande et d’œufs destinés à l’alimentation humaine. De plus, l’Ouest, à l’image de toutes les grandes régions d’élevage d’Europe, reste très dépendant des protéines végétales d’importation, au premier rang desquelles le tourteau de soja. Or, les importations européennes de protéines végétales posent problème. Sur le plan économique, les agriculteurs européens sont tributaires de la volatilité des cours des protéines végétales, en particulier de la flambée des prix tirés par l’essor de la demande dans certaines régions du globe comme l’Asie. Sur les plans sociaux et environnementaux, la production de soja, notamment en Amérique du Sud, principal fournisseur de l’Union Européenne, a des impacts négatifs importants : pression sur l’agriculture paysanne familiale, changement de destination des terres, déforestation, etc.
Création d’une filière locale de production
Consciente de ces enjeux pour l’avenir de l’élevage et de son image auprès de nos concitoyens, la Coopérative lamballaise Le Gouessant a innové en mettant en place une démarche inédite de culture de féverole de printemps. Suite à une réflexion menée au sein de sa cellule innovation, elle a proposé à ses adhérents de créer une filière bretonne de production. L’initiative, relayée sur le terrain par les services Ruminants et Agrofournitures, a été particulièrement suivie par les agriculteurs adhérents à la coopérative. Près de 400 hectares ont été semés sur la campagne 2017, permettant la production de plus de 1800 tonnes de féverole. Les graines de cette légumineuse apportent aux animaux la protéine et l’énergie nécessaires pour compléter les autres matières premières entrant dans la composition des aliments du bétail.
Un partenariat à renouveler
Afin de sécuriser la réussite de l’implantation et de l’itinéraire cultural, Le Gouessant avait sélectionné une variété spécifique, adaptée aux conditions pédoclimatiques de notre région. Les exploitants agricoles, qui se sont engagés dans ce partenariat sur la base du volontariat, ont bénéficié :
- d’un suivi technique rapproché ;
- d’un accompagnement de qualité pour optimiser le rendement ;
- d’une garantie de marge brute par hectare, supérieure à celle des cultures traditionnelles.
Le succès de cette première campagne est dû à l’implication des éleveurs dans la conduite de leurs cultures, aux méthodes culturales mises en place par les techniciens productions végétales de la Coopérative ainsi qu’à une bonne valorisation de la féverole dans la composition des aliments produits par Le Gouessant, spécialiste de l’alimentation animale et de la nutrition de précision.
Cette démarche pilote sera poursuivie et amplifiée durant la campagne culturale 2018.
* « feed/food » contraction de « animal feed versus human food » soit « nutrition animale contre alimentation humaine. »