Cette année, c’était maïs. Cela fait bien longtemps que la pâture jouxtant les bâtiments de cette ferme laitière n’avait pas été labourée. Peut-être 10 ans. Peut-être 15. Ou bien plus. Des vaches noires et blanches, il semble y en avoir toujours eu dans ce champ qui longe cette route départementale sillonnant en léger contre-bas. À la belle saison, le troupeau y pâture, puis s’y repose de tout son long sous le soleil breton. Deux fois par jour, le troupeau rejoint en file indienne la salle de traite ; puis effectue le chemin inverse quelques heures plus tard. Ainsi va le rythme de cette ferme laitière.
Quand arrive la mauvaise saison, les vaches n’apparaissent plus dans cette parcelle surplombant la route. Un coup d’œil rapide permet de les apercevoir en léger retrait de la départementale, déambulant entre les logettes et l’aire d’exercice découverte d’une stabulation bien entretenue.
Cette année, les vaches se sont temporairement éclipsées du paysage. Le temps d’une culture. Semé après l’antique pâture, le maïs a rapidement formé un rideau compact d’un vert profond de 3 m de haut; occultant le tableau champêtre offert gracieusement par cette vie animale calée sur les journées de travail de l’éleveur. À la fin octobre, les pointes des feuilles du plantureux maïs ont commencé à dessécher. Il devenait urgent d’ensiler. Mais, l’ensileuse n’est pas venue. Aux premiers jours de novembre, une moissonneuse a enfin rouvert l’horizon barré par la culture bien mûre. Les vaches n’y étaient plus. Elles ne reviendront pas. Le rideau est tombé. Le spectacle est terminé.