À part les agriculteurs, pas grand monde n’a intérêt à voir les prix agricoles augmenter.
Les négociations commerciales annuelles entre la grande distribution et les fournisseurs ont démarré hier. Les prix d’achat qui seront consentis pour les produits alimentaires seront l’épreuve de vérité avant l’heure. Avant l’heure de la mise en application de la loi, promise pour le premier semestre 2018 par le président Macron, qui obligera les intermédiaires à fixer les prix des denrées agricoles en tenant compte des coûts de production des agriculteurs.
À noter d’ailleurs que si tout le monde s’accordait sur cette évidente nécessité de préserver l’agriculture par des prix décents, il n’y aurait pas besoin de loi. En attendant, l’observation de l’aboutissement des négociations qui viennent de démarrer sera intéressante. Elle permettra de vérifier si les actes sont en accord avec les discours. Rien n’est gagné.
Rien n’est gagné puisque, à part les agriculteurs, pas grand monde n’a intérêt à voir les prix agricoles augmenter. Les pouvoirs publics centraux en premier. En maintenant des prix bas, la Loi de modernisation de l’économie (LME) a apaisé les revendications de pouvoir d’achat pendant les années post-crise. Comme le chômage reste toujours le principal problème français, doublé de retraites moins généreuses, les marges de manœuvre apparaissent limitées.
Quant aux distributeurs, ils auront beau jeu d’aligner dans un même rayon des produits français plus chers à côté de produits importés pas soumis à la loi française. Enfin, pour les industriels, il est difficile d’imaginer une échelle de prix pour le marché intérieur et une autre pour l’exportation. Sans compter que toute augmentation artificielle de prix constitue un appel d’air aux importations. Bref, il y a peu de chance que cette pseudo-économie planifiée fonctionne, a fortiori dans un marché ouvert.