Les producteurs qui se posent des questions sur un éventuel passage à des techniques d’implantation de culture simplifiées se sont donné rendez-vous pour une démonstration au champ.
Jean-Marc le Vourch est l’un des associés d’un Gaec produisant du lait à Plounévez-Lochrist. « Nous sommes 2 associés, avec un apprenti. La période des semis est dense au niveau travail, c’est pourquoi nous cherchons à libérer du temps », témoigne-t-il, lors d’une journée de démonstration de semis simplifié de céréales, organisée par la Chambre d’agriculture régionale et les comités de développement de Brest et de Morlaix.
Ce gain de temps est rendu possible par l’abandon du labour, qui « demandait 1 heure par ha. Avec un simple déchaumage, je passe à 2 ha par heure ». Si, sur le papier, la technique est séduisante, Jean-Philippe Turlin, spécialiste des TCS et du semis direct a apporté son regard expert afin de ne pas se tromper.
Ne pas être frileux
Pour le conseiller, les implantations simplifiées sont « faciles à faire. Si vous êtes frileux, pourquoi ne pas essayer sur un bout de champs sur une largeur de pulvérisateur ? ». Paradoxalement, la pratique de semis simplifié est bien souvent réalisée en céréales. Pourtant, « les TCS sont plus simples en maïs car la période est plus sèche. Les céréales demandent un sol ressuyé, avec 2 à 3 jours sans pluies, ce qui n’est pas nécessaire avec un labour ».
Des points de vigilance sont toutefois nécessaires quand le travail du sol est moindre, comme « le salissement des parcelles, où il faut être plus exigeant en semis direct. Les arrière-effets de l’atrazine s’estompent, les véroniques sont plus présentes. Un désherbage précoce sera efficace, dès le semis ou à des stades de 1 à 2 feuilles de la culture ».
La diminution du travail du sol enclenche d’autres mécanismes utiles aux producteurs. « Les débris de surface sont consommés par les vers de terre anéciques, et qui travaillent en même temps le sol. En labour, on dénombre 30 vers de terre par m2. Ils seront de l’ordre de 250 en semis direct ».
[caption id= »attachment_30613″ align= »aligncenter » width= »720″] Le semoir de Jacques Abily sème directement la graine de céréale sans travail du sol au préalable.[/caption]
Le semoir n’a pas été vendu
Installé sur la commune de Guipavas, Jacques Abily est venu témoigner de son expérience de semis de cultures. Le Finistérien n’est pas venu seul, il s’est déplacé avec son semoir, un Semeato PS 2030. « Nous limitions le labour depuis longtemps, avec l’utilisation de TCS sur les parcelles propres, implantées en maïs ou en céréales. En 2014, notre matériel était vieillissant. Nous avons alors franchi le pas en achetant un semoir et en se disant que si la technique ne fonctionne pas, nous pourrions toujours le revendre ».
Le matériel est resté dans la ferme, signe de satisfaction. « Un semoir coûte cher, de l’ordre de 15 000 €/m, mais nous réalisons des économies à côté. C’est un matériel qui est utilisé sur les 90 ha de l’exploitation, certaines parcelles pouvant être semée 3 fois dans l’année ».
Le producteur a opté pour une couverture permanente de ses sols, et utilise beaucoup de méteils qu’il ensile avant les semis de maïs, réalisé après le passage d’un strip-till. Depuis le passage à cette technique, le producteur avoue avoir plus souvent le nez dirigé vers le sol. L’observation des parcelles est alors devenue une habitude.