Faute de circuits bien établis et identifiés, le recyclage des déchets vétérinaires et d’insémination n’est pas toujours optimisé dans les élevages. Pour y remédier, une initiative a vu le jour dans le Morbihan.
Le tri ? Un geste quotidien pour des millions de Français. Aujourd’hui, dans l’Hexagone, 68 % des emballages ménagers sont recyclés. Une bonne pratique qui a le vent en poupe et qui se développe au-delà de la sphère domestique. En agriculture, diverses initiatives ont vu le jour : collecte d’emballages vides de produits phytosanitaires, recyclage des films d’enrubannage et des bâches d’ensilage… « Mais les déchets vétérinaires demeurent souvent un problème dans les exploitations », constate Alain Le Crom, éleveur laitier dans le Morbihan et co-président de Nov’Agri (lire par ailleurs). Certaines structures assurent bien la reprise d’une partie de ces déchets mais pas de l’ensemble, compliquant la tâche des éleveurs pour qui ce recyclage représente, en outre, un coût non négligeable.
[caption id= »attachment_30774″ align= »aligncenter » width= »720″] Le partenariat noué entre nov’Agri et le CMB vise à pérenniser cette action. La prochaine collecte est programmée
en janvier 2018.[/caption]
Avec la volonté d’offrir une solution pragmatique, Nov’Agri a lancé des campagnes de récupération des déchets vétérinaires et d’insémination. « Nous organisons des collectes où, un jour donné, en un même lieu, l’éleveur peut déposer à la fois les déchets d’activités de soins à risques infectieux (Dasri) – à savoir les instruments coupants, les seringues, les flacons de vaccins… – et les déchets banals tels que sondes d’insémination, gants de fouille, bombes aérosols vides. Sans oublier les tubes néons ! »
Nov'Agri
Emballé, c’est pesé
La dernière collecte en date s’est déroulée le 5 octobre, sur le site de la plate-forme de compostage Arvor Compost, en bordure de l’axe Locminé-Pontivy. Durant la matinée, une quinzaine d’agriculteurs sont passés déposer leurs déchets. Parmi eux, Delphine Le Mestrallin, éleveuse de lapins à Cléguérec, qui a apporté un fût de Dasri. « J’ai choisi la formule de Nov’agri car ici le tri est optimisé. Et puis, pour moi, le coût est moins important ».
Tous les contenants ont été pesés avec soin et chaque agriculteur s’est vu remettre un bordereau récapitulatif. « En cas de contrôle de l’administration, cela permet d’attester de l’élimination des déchets », explique Hervé Le Sergent, producteur porcin à La Chapelle-Neuve et responsable de l’opération, aux côtés d’Alain Le Crom.
Sur cette seule journée, quelque 500 kg de déchets banals et 200 kg de Dasri ont été récupérés. « Nous sommes dans la bonne moyenne, analyse Sophie Beausire, animatrice à Nov’agri. Depuis le lancement de cette action en 2015, nous avons collecté plus de 5 tonnes de déchets au total. Et, à ce jour, près de 50 agriculteurs ont déjà manifesté leur intérêt pour la démarche ».
Montrer ce qui se fait de bien
La facturation s’effectue sous forme de cotisation annuelle et est fonction, non pas du type ou du volume de déchets apportés, mais du nombre d’animaux de l’élevage. Ainsi, par tranche de 100 truies ou de 1 000 porcs charcutiers, il en coûte 30 euros par an à un adhérent et 50 euros à un non-adhérent. « Nous avons souhaité que ce service soit accessible à un maximum d’agriculteurs, insiste Alain Le Crom. Cela passe par la modération des prix de revient. Pour y parvenir, nous avons essayé de rationaliser les choses le plus possible ». La fréquence des collectes a ainsi été revue. Les quatre passages annuels ont été abandonnés au profit d’un tous les quatre mois.
Et pour rentabiliser le déplacement du camion de la société bretillienne Acomex qui assure le recyclage des déchets, l’opération est désormais coordonnée avec celle similaire organisée par un groupe d’agriculteurs des environs de Questembert. « Le partenariat de trois années conclu avec le Crédit Mutuel de Bretagne doit nous permettre de pérenniser cette collecte et de recruter de nouveaux apporteurs. C’est aussi une bonne occasion de montrer au grand public ce qui se fait de bien en agriculture ». Voilà une idée à recycler le plus souvent possible…
[caption id= »attachment_30772″ align= »alignright » width= »228″] Emmanuelle Balusson, CMB, responsable du Pôle d’expertise de Pontivy[/caption]
Un partenaire responsable
Lorsque nous avons rencontré Nov’agri, il y a quelques mois, nous avons beaucoup échangé sur les actions de développement et d’innovation qu’ils mènent avec dynamisme au niveau local. Quand il s’est agi d’envisager un partenariat sur l’une d’entre elles, la collecte de déchets vétérinaires et d’insémination nous a immédiatement séduits. Et ce, pour plusieurs raisons. D’abord, parce que le coût de cette collecte reste élevé à ce jour, compte tenu des volumes traités encore faibles. Notre accompagnement financier sur trois ans est donc essentiel au développement de cette opération. Ensuite, en tant que partenaire de l’agriculture, il nous semble important d’aller au-delà de notre seul rôle de financeur et de prendre notre part de responsabilité dans les problématiques consécutives à l’acte de production. La gestion des déchets en fait partie. Enfin, c’est aussi pour nous une manière de décliner en agriculture l’approche de Responsabilité Sociale des entreprises (RSE) à laquelle le Crédit Mutuel de Bretagne est très sensible. Emmanuelle Balusson, CMB, responsable du Pôle d’expertise de Pontivy
Jean-Yves Nicolas