Le traitement sélectif et l’emploi d’obturateurs peuvent contribuer à réduire l’usage d’antibiotiques. À certaines conditions.
Les mammites de début de lactation coûtent cher à l’éleveur; entre le coût du traitement, la chute de la production et le lait non vendu, la « facture » atteindrait 200 à 300 € par cas. Difficile donc de se priver d’un traitement antibiotique au tarissement qui ne coûte qu’une quinzaine d’euros, et qui offre une tranquillité d’esprit à l’éleveur, même si, en réalité, ils ne garantissent pas une protection à 100 % jusqu’au vêlage. Le taux national de nouvelles infections en début de lactation reste encore de 13 % (source Cniel) malgré l’usage quasi systématique d’antibiotiques au tarissement. « Dans certains élevages à la situation sanitaire dégradée, il faut aussi envisager l’utilisation d’obturateurs qui protègent plus longtemps que les antibiotiques pendant la période sèche », indique Ivanne Leperlier, vétérinaire de GDS. Dans les troupeaux plus sains, il est possible de s’affranchir d’antibiotiques pour certaines vaches. « Le traitement peut alors être réservé aux vaches à plus de
150 000 cellules/mL au dernier contrôle
(100 000 pour les primipares) ». Pourquoi ces seuils relativement bas ? « Au-delà de 300 000 cellules, on sait que des pathogènes majeurs (E. coli, staphylocoques, streptocoques) sont présents. En dessous, non. Mais entre 150 000 et 300 000, il y a des bactéries mineures qui peuvent néanmoins se développer ». Les vaches ayant souffert d’une mammite clinique dans le dernier trimestre de la lactation doivent être également traitées. « Dans le doute, beaucoup d’éleveurs ont recours à un traitement antibio doublé de la pose d’un obturateur, notamment sur les vaches qui ont des lésions sur la peau des trayons ou qui ont une mamelle décrochée ». S’affranchir totalement des antibiotiques au tarissement est donc toujours compliqué. Au préalable, les fondamentaux concernant le logement des taries, le paillage, la ration doivent être respectés (voir par ailleurs).
Obturateurs, pas n'importe comment
[caption id= »attachment_13149″ align= »aligncenter » width= »720″] Une mamelle non infectée au tarissement et qui n’a pas eu de mammite sur le trimestre précédent peut être protégée uniquement par des obturateurs.[/caption]
Vaccins peu utilisés
« Les remèdes homéopathiques sont de plus en plus testés et semblent prometteurs pour soigner les mammites en cours de lactation. Il y a peu de recul sur leur usage au tarissement », poursuit la vétérinaire. Un vaccin est aussi proposé en France. « Il est utilisé pour contrer les infections liés à la présence d’E.coli et de staphylocoques. Or, la majorité des mammites sont liées à la présence de streptocoques uberis en Bretagne… ». Les travaux de recherche se poursuivent dans le domaine de la santé mammaire. Certains produits peuvent aider les éleveurs à tarir les fortes productrices. « Pour baisser la production laitière lors du tarissement, un inhibiteur de prolactine (hormone qui stimule la lactation) avait été proposé à partir de 2015. Sa commercialisation est suspendue mais son intérêt, notamment en termes de bien-être animal, pourrait motiver son retour prochainement ».
Un autre produit, contenant une cytokine immunomodulatrice (protéine naturellement produite par les vaches pour augmenter le nombre de cellules neutrophiles et leurs capacités bactéricides) augmente l’immunité des vaches laitières en péripartum. « L’objectif est d’éviter les infections mammaires et les métrites dans les premières semaines de lactation ». Le traitement, par injection, réduirait de 25 % les mammites cliniques. Pour chacun de ces produits, il faut compter une vingtaine d’euros par vache et par an. Pour autant, ils ne permettent pas de se dédouaner des mesures d’hygiène et de biosécurité de base.