Vendre son surplus de colostrum

La phase de tarissement dure deux mois sur l’élevage. Les vaches ont une ration diluée en paille. - Illustration Vendre son surplus de colostrum
La phase de tarissement dure deux mois sur l’élevage. Les vaches ont une ration diluée en paille.
Dominique Langouët, du Gaec de Plémalo à Pléchatel (35),  a fait le choix il y a trois ans de livrer une partie de son colostrum de première traite. La pratique, simple, est une source de revenu supplémentaire pour l’élevage.

« Le colostrum est utilisé pour l’alimentation des veaux. Il y a trois ans encore, le surplus était jeté », témoigne Dominique Langouët, éleveur installé en Gaec à trois associés à Pléchâtel (35). Grâce à un prix de revente intéressant, les producteurs se sont lancés dans la commercialisation valorisation de ce lait riche en anticorps et en énergie, sans toutefois bouleverser leurs habitudes.

Pas besoin de se lever la nuit

Sur l’exploitation, les vaches laitières produisent entre sept et huit litres de colostrum après vêlage. « Le veau en reçoit une quantité variable de l’ordre de 10 % de son poids de naissance. Ainsi, certains peuvent en recevoir jusqu’à 4,5 L apportés par drenchage », note le jeune éleveur. En cas de naissance la nuit, le lait est collecté à la traite du matin. Une fois le nouveau-né nourri, le surplus est mesuré au pèse-colostrum puis le précieux liquide va remplir des bidons de 10 L étiquetés puis congelés. « Les colostrums à teneur inférieure à 50 mg / L d’immunoglobulines ne sont pas gardés pour cette collecte. Les génisses notamment produisent généralement un colostrum en plus faible quantité et de qualité inférieure ».

[caption id= »attachment_31188″ align= »aligncenter » width= »600″]Le colostrum est congelé à la ferme en bidon de 10 L. L’éleveur le livre ensuite à la coopérative. Le colostrum est congelé à la ferme en bidon de 10 L. L’éleveur le livre ensuite à la coopérative.[/caption]

Plus de 2 € du litre

[caption id= »attachment_31189″ align= »alignright » width= »173″]Jennifer Duhamel coordonne la collecte de colostrum pour Ouest Elevage. Jennifer Duhamel coordonne la collecte de colostrum pour Ouest Elevage.[/caption]

Les producteurs sont rémunérés en fonction de la quantité d’anticorps que contient le colostrum qu’ils livrent à la coopérative proche de l’élevage. Pour certaines livraisons, certains bidons ont été échantillonnés avec plus de 100 mg d’immunoglobines par litre. Les prix peuvent atteindre les 2,26 € par litre. Sur la ferme du Gaec de Plémalo, les trois associés ont livré autour de 500 L l’année passée. Cela représente une source de revenu supplémentaire non négligeable au vu des faibles contraintes induites. « Le congélateur revient à moins d’une centaine d’euros, aide comprise », chiffre Jennifer Duhamel, qui coordonne la collecte de colostrum pour Ouest Elevage, filiale de Laïta. Cette aide de 75 € est obtenue après trois années de livraison. Du côté consommation électrique, l’appareil utilise 27 € par an.

La coordinatrice revient sur la manière de livrer un bon produit. « Les meilleurs résultats s’obtiennent sur des femelles ayant réalisé au moins trois lactations. Le temps idéal entre le vêlage et la 1re traite est de une heure et demie. Au-dessus de 12 heures, le produit devient moins intéressant. Enfin, une vache touchée par des parasites, comme des douves du foie, ne donnera pas de bon colostrum. »

Nourrissant pour les mammifères

Le colostrum collecté par Ouest Elevage est regroupé sur le site de Ploudaniel (29). Il est ensuite expédié en Belgique, pour y être décongelé, mesuré, puis mis « sous forme de poudre pour répondre aux besoins d’alimentation des jeunes mammifères (veaux, agneaux, chevreaux, porcelets, chiots). Le produit fini se présente sous la forme de sachets à diluer mais peut aussi apparaître en tube de pâte » », explique Jennifer Duhamel.

Une ration diluée en paille

Au Gaec de Plémalo, la période sèche dure deux mois. Les premières semaines, l’alimentation est composée de la ration des génisses complétée de paille « pour assécher la mamelle ». Puis environ un mois avant vêlage, Dominique Langouët bascule progressivement vers 40 % d’une part de ration vaches laitières diluée avec de la paille. Les minéraux sont apportés par l’intermédiaire d’un bolus dédié administré au tarissement qui va diffuser ses éléments sur la longueur de la période sèche. Contenant entre autres du sélénium, ces bolus jouent en faveur « d’une bonne délivrance et d’une bonne fécondité par la suite ».

Un bon indicateur de la santé du troupeau

Si la livraison de colostrum n’a pas modifié en profondeur les pratiques d’élevage des trois associés, le suivi de la qualité des premiers laits permet d’alerter sur d’éventuels problèmes qui seraient auparavant peut-être passés inaperçus. « Un colostrum de mauvaise qualité a diverses origines et peut devenir un problème sur l’élevage. Il met la puce à l’oreille, pousse à se remettre en question et à mettre en place des mesures sanitaires ».


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