Association anti-viande : décryptage d’une machine de guerre

Hervé Le Prince, société de communication NewSens. - Illustration Association anti-viande : décryptage d’une machine de guerre
Hervé Le Prince, société de communication NewSens.
Hervé Le Prince, de la société NewSens, est venu donner son point de vue sur les actions menées par les associations anti-viande, lors de l’assemblée générale de l’UGPVB.

« Au matin du 27 juin, ce fut un choc. On a peur, on pense à sa famille ». Ce témoignage de Jean-Hervé Bescond, producteur de porcs à Beuzec-Cap-Sizun (29) et venu témoigner à l’assemblée générale de l’UGPVB (Union des groupements de producteurs de viandes de Bretagne), fait froid dans le dos. Son élevage apparaît dans une vidéo postée sur Internet, par une association demandant l’arrêt des élevages.

« On ne reconnaît pas son élevage. Je savais alors que les services administratifs allaient arriver, mais je n’avais rien à craindre, car j’ai été précurseur dans la mise aux normes bien-être des truies. Cinq mois plus tard, j’ai pris du recul, mais je travaille comme avant. On aura beau faire le maximum, nos élevages ne répondront pas à leurs attentes ». Même expérience douloureuse pour Benoit Geslin, producteur d’œuf basé en Vendée (85). « J’ai été prévenu la veille au soir, j’ai rapidement compris ce qui allait se passer. Quand la vidéo a été mise en ligne le lendemain, j’ai essayé d’anticiper, mais je savais qu’il y aurait des dégâts ».

Des prises de vues de source inconnue

À son arrivée au siège de l’entreprise qui compte plus d’une centaine de salariés, une dizaine de journalistes, les forces de l’ordre. « On ne sait pas comment cela a été filmé ». Six mois plus tard, et à cause de cette source inconnue de la vidéo, des suspicions entre collègues naissent çà et là. « Nous avons depuis changé nos accès aux bâtiments, mais il est difficile d’être inviolable ».

Une vidéo choquante, c’est de l’audience

Invité à partager son expérience dans la communication, Hervé Le Prince se demande comment ces associations « arrivent en 10 ans à remettre en cause un système alimentaire vieux de 300 000 ans ». Pour lui, le mode opératoire est bien huilé, en passant par des étapes bien précises. « Toute ONG militante dénonce, médiatise, communique pour faire monter l’indignation, puis passe à la caisse avec les dons des adhérents. Cet argent sert à se développer, pour au final légiférer ». Et la méthode fonctionne. « La vidéo de l’abattoir de Pézenas (34) a des milliers de vues, les réseaux sociaux explosent. L’ONG va à la rencontre du consommateur : le “street marketing”, pour récolter des dons et des adhérents, se met ensuite en place ».

La démarche de ces associations joue aussi de l’ambiguïté, car pour « les caméras cachées ou les enquêtes d’investigation, on ne sait pas s’il s’agit d’organes de presse, de sociétés de production, de médias ou d’ONG », explique Hervé Le Prince.

Un best seller en perte de vitesse

En tapant le mot « végan » sur un moteur de recherche, une association de défense des animaux arrive dans les 1res suggestions. « Ils ont réussi le hold-up. Le véganisme est la face acceptable de la radicalité. Pour l’opinion publique, l’organisme milite pour limiter la souffrance animale, alors que la finalité est autre », à savoir l’arrêt de la consommation de viande. Toutefois, les vidéos publiées semblent être « un best-seller en perte de vitesse. Qui dit baisse d’audience, dit diminution des dons. Je pense qu’ils vont essayer de descendre dans la rue, avec des recruteurs, pour aller capter les passants ».

Où s’arrêtera la chute de la consommation ?

Jacques Crolais, directeur de l’UGPVB, chiffre pour la filière porcine à « -4,9 % la baisse de la consommation de viande fraîche hors produits élaborés ». Philippe Dagorne, président de la section bovine de l’Union, estime que « la consommation par habitant ne cesse de baisser. Même si la production baisse, elle ne diminue pas aussi vite que la consommation. Depuis cet été, on abat des animaux pour la confection de steak haché, les morceaux arrière sont dévalorisés. Sur un bœuf, 50 % de sa viande se retrouve sous forme hachée, en produits élaborés ou non ».


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