Un chef de rayon d’une grande surface confie qu’il met systématiquement des gants quand il manipule les fruits et légumes d’importation. « Les pamplemousses irritent et crevassent la peau », cite-t-il en exemple. Ses gants protecteurs, il les porte avec encore plus d’assiduité à l’approche des fêtes de fin d’année. Son rayon regorge en effet de produits exotiques sur lesquels les consommateurs jettent leur dévolu ; sans regarder l’origine, sans regarder le prix. Mais, de mangoustans, ramboutans et autres pitayas qu’il propose pour les réveillons, le chef de rayon n’en mangera pas ; il se contentera de les vendre. « Je préfère manger une verrine de crème de chou-fleur breton qu’une mousse d’avocat du Mexique », lâche-t-il.
Très tatillonne sur les règles environnementales et sanitaires relatives aux aliments produits en France – et c’est une bonne chose pour la santé du consommateur –, l’Administration apparaît moins pointilleuse sur les produits alimentaires d’importation. C’est ce qu’a rappelé au préfet des Côtes d’Armor, lors de la dernière CDOA, José Jaglin. Le secrétaire général des Jeunes Agriculteurs s’offusque de constater que « les jouets de Noël pas aux normes françaises et européennes sont retirés du marché pour des motifs de santé publique alors que les aliments, base de la vie, ne bénéficient pas des mêmes règles ».
Et de faire remarquer que les produits bio originaires de certains pays du Sud peuvent avoir été traités par des matières actives interdites en conventionnel en Europe. « C’est le grand paradoxe de l’équivalence des standards, mais avec des cahiers des charges radicalement différents ». Aller, vous reprendrez bien une petite mousse d’avocat, à moins que vous ne fondiez pour un velouté d’asperges bio du Pérou…