Le bio a le vent en poupe, les industriels et les GMS s’y intéressent de près. Les acteurs historiques de la filière veulent que le développement se fasse intelligemment et dans le respect des valeurs fondatrice du bio.
« L’agriculture biologique est en fort développement et la consommation progresse de 20 %. On ne peut donc plus considérer le bio comme une niche », lance Denis Pâturel, secrétaire d’Initiative Bio Bretagne pour introduire la 3e édition des rencontres professionnelles des acteurs de la filière bio en Bretagne le 24 novembre à Brest (29). Pour Sandrine Le Feur, députée du Finistère et agricultrice : « Le bio est pour moi une évidence et il est de notre devoir d’aller vers les autres agriculteurs qui ont envie d’évoluer mais ne savent pas comment faire. »
Une juste répartition de la valeur ajoutée
Claude Gruffat, président de Biocoop, constate un changement rapide d’échelle de la consommation du bio en France. Pour lui, il faut préserver les valeurs fondatrices du bio que sont le respect du sol, produire sur des fermes familiales en valorisant le plus possible en circuit court. « Le consommateur doit faire la différence entre le bio de chez Carrefour et celui de chez Biocoop. Dans nos 480 magasins, alimentés par 2 800 producteurs, nous privilégions le commerce équitable et recherchons le meilleur prix permettant une juste répartition de la valeur ajoutée. »
De son côté, Frédérick Bourget, directeur général de la laiterie Le Gall, avoue qu’avec Biocoop son entreprise a « des discussions sur l’avenir. Ils sont conscients que derrière le produit qui est sur les étals des magasins, il y a un producteur, et qu’il a besoin de lisibilité sur sa rémunération. » Ce dernier a exprimé ses craintes concernant l’annonce de l’objectif à court terme de Sodiaal sur une production de 150 millions de litres de lait bio. « Le Gall s’engage de manière raisonnée dans le développement de la production de lait bio. Les producteurs ont besoin d’avoir une lecture dans la durée. Aujourd’hui, nous collectons 17 millions de litres de lait bio et dans 3 ans nous serons à 50 millions avec la volonté d’aller chercher du lait très localement, c’est-à-dire essentiellement entre le Finistère et les Côtes d’Armor. »
50 % de bio dans les cantines scolaires
La ville de Brest est un exemple en matière de développement du bio dans les cantines scolaires. « Nous avons signé la charte : il fait bio dans nos assiettes. La part du bio qui était de 30 % en juin est passée à 50 % depuis la rentrée scolaire de septembre et l’objectif est d’atteindre 80 % en 2022. Aujourd’hui, 40 % de ces produits bio viennent d’un approvisionnement local et l’objectif est d’arriver à 60 % en 2022 », annonce Émilie Kuchel, élue aux politiques éducatives de la ville de Brest. La ville s’est rapprochée des professionnels de la bio pour avoir la meilleure démarche possible au niveau de la saisonnalité des produits et de la qualité. Un comité de suivi choisit les aliments et les produits agricoles pour une année. « Par exemple, on s’engage sur un volume annuel de pommes de terre, ce qui permet de sécuriser les producteurs. »
La ville de Brest passe par un grossiste pour éviter de devenir le « gros client » d’un seul producteur. Le bio n’est pas mis en avant sur les menus, pour ne pas devenir un outil marketing. « La raison est simple : dans un menu nous avons des ingrédients bio qui se mêlent à des produits qui ne le sont pas. Nous nous engageons aussi auprès des agriculteurs en conversion et la ville achète leurs produits durant cette période de transition. »