Ijinus : de bonnes sondes “made in Breizh”

Conçus initialement pour les silos agricoles, les capteurs autonomes communicants de la société Ijinus trouvent désormais de nouvelles applications dans le domaine de l’environnement. Retour sur cette belle aventure « made in Breizh ».

[caption id=”attachment_31719″ align=”alignright” width=”214″]Olivier-Le-Strat-Ijinus Pionnier de l’instrumentation connectée, Olivier Le Strat a créé Ijinus en 2003.[/caption]

L’histoire est belle et revêt, en cette fin d’année, presque des allures de conte de Noël. Savez-vous où sont élaborés les capteurs utilisés aujourd’hui par la Nasa pour s’assurer de l’absence d’eau dans les réacteurs de fusée ? Mais à Mellac, bien sûr ! C’est ici, au cœur du Finistère, à proximité de la quatre-voies Lorient-Brest, qu’est implantée la pépite Ijinus. Comme le laisse augurer son nom qui signifie innovation en breton, cette start-up est dédiée à la technologie. Et plus particulièrement à l’instrumentation connectée, ce que les spécialistes appellent l’Internet industriel des objets ou IIoT (industrial internet of things).

À la barre de l’entreprise : Olivier Le Strat, une sorte de « Géo Trouvetout ». Cet ingénieur de formation est un inventeur à l’imagination débridée. Il compte à son actif un pied de mât de planche à voile non agressif pour les pieds, une civière monocoque héliportée, une toiture solaire, un hydroglisseur à propulsion humaine… « Je suis curieux de nature, j’ai toujours adoré créer. J’observe les gens et les idées me viennent ». Celle qui va assurer son succès est née au détour d’une conversation, lors d’un repas entre amis, en 2002. « Alain Glon m’a expliqué la difficulté qu’il avait à connaître précisément l’état des stocks chez ses clients, se souvient Olivier Le Strat. J’ai réfléchi à la question et je l’ai rappelé 6 mois plus tard pour l’informer que je démissionnais de l’entreprise où je travaillais afin de me lancer et de créer ma boîte. Il m’a dit : c’est bien. Tu es fou, vas-y ! » 

Faire sa gamme

Ijinus voit le jour en juillet 2003. « Au démarrage, j’ai rencontré plein de banques. Mais seul le CMB a cru en mon projet ». Créavenir Bretagne, l’association en faveur du développement local financée par l’établissement coopératif et mutualiste, lui octroie même un prêt à taux zéro et une subvention.

Pour le jeune créateur, c’est l’époque de la conception pure, en solitaire. « Écrire des algorithmes, j’aime bien ça. Mais moi, j’ai aussi besoin d’échanger ». Très vite, un premier salarié est recruté. Suivi d’un deuxième, puis d’un troisième. « Les premières années, nous avons surtout développé de la technologie pour le compte de clients ». Lampes à leds, détecteurs de chute pour piscine, etc. Des contrats utiles pour faire vivre la société mais qui ne laissent guère de temps pour plancher sur la gamme « maison ».

[caption id=”attachment_31718″ align=”aligncenter” width=”720″]ijinus-primee-space-2016 Ijinus, primée en 2016 au Space, poursuit le développement de son offre pour l’agro-industrie avec le lancement cette année d’une gamme de capteurs gaz mesurant la qualité de l’air dans les élevages.[/caption]

En 2006, la société Ijinus choisit donc de se concentrer sur la mise au point de ses propres produits. « Notre partenaire bancaire nous a fait confiance. Nous n’avons pas réalisé de chiffre d’affaires cette année-là ». Mais dès l’exercice suivant, l’activité liée à la nouvelle offre de monitoring des silos atteint les 400 000 euros. « Notre solution simplifie la vie des éleveurs ». Plus besoin d’escalader le silo pour estimer le niveau à l’intérieur. Ni de faire la tournée des différents équipements sur les exploitations multi-sites. Du côté des fabricants d’aliments, c’est aussi la possibilité de rationaliser les tournées, de mieux gérer les périodes de production. « Grâce à la signature acoustique enregistrée par nos capteurs, nous sommes capables de déterminer si un silo est propre, s’il est vide… Et en cas de litige de livraison, nous pouvons fournir une image ». Une exclusivité signée Ijinus.

Les paysans de la métrologie

Un article publié dans l’hebdomadaire L’Usine Nouvelle suite à une récompense décrochée au Space ouvre à la société finistérienne de nouveaux marchés. « J’ai été invité par Véolia à présenter mes capteurs sécurisés, autonomes et communicants. À l’époque, nous étions quatre salariés et nous nous sommes retrouvés en concurrence avec de grands groupes comme Siemens… » C’est finalement la solution Ijinus qui est retenue. « Là où d’autres demandaient des mois de développement, nous étions capables de proposer un produit en quelques jours car nous travaillons en mode Légo. Nous avons créé différentes briques qu’il suffit d’assembler suivant la fonction souhaitée ».

Aujourd’hui, le secteur de l’environnement représente 80 % du chiffre d’affaires, contre 20 % pour l’agro-industrie. Mais Olivier Le Strat revendique toujours l’origine agricole de son entreprise. « Pour vendre aux agriculteurs, il y a un triptyque incontournable : prix, qualité, utilité ». Chez Ijinus, on propose du matériel à prix compétitif, robuste et efficace. Nous sommes les paysans de la métrologie ! »

Ijinus en chiffres

  • 22 personnes en équivalent temps plein,
  • Moyenne d’âge : 38 ans,
  • 4 millions d’euros de chiffre d’affaires,
  • Part du chiffre d’affaires réalisée à l’export : 15 %.

[caption id=”attachment_31722″ align=”alignright” width=”149″]Pascal-Barre-Directeur-regional-Arkea-Capital Pascal Barré, Directeur régional Arkéa Capital[/caption]

Des participations durables

Chez Arkéa Capital (filiale spécialisée du Crédit Mutuel Arkéa), nous accompagnons les dirigeants d’entreprise dans leur projet capitalistique à travers des participations minoritaires et durables. L’élément déterminant dans le choix de nos investissements est la capacité du dirigeant et de ses équipes à développer leurs activités en prenant en considération l’environnement dans toutes ses composantes : humaine, industrielle, commerciale… Depuis notre intervention – près d’un million d’euros investis en 2010 -, Ijinus a multiplié son chiffre d’affaires par quatre. Autonome financièrement, la société peut désormais accélérer son développement à l’international, notamment en Chine et aux États-Unis.

Pascal Barré, Directeur régional, Arkéa Capital


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