Le coup d’après

« Paysans d’aujourd’hui, la Terre en héritage ». C’est le titre du – beau – livre de Pierrick Mellouet et d’Albert Pennec. Dans leur pérégrination de collecte d’images et de témoignages, le professeur de géographie de Lesneven et le photographe de Landivisiau donnent la parole à des paysans et des conseillers de terrain. Cet ouvrage, cousu main de mots et de photos sentant bon la terre, livre un visage sans artifice d’une agriculture bretonne telle qu’elle est, et non telle que certains voudraient qu’elle soit. Mais, si les images sont d’aujourd’hui, beaucoup de mots sont déjà de demain.

Car sans le vouloir, ce livre fait dans la prospective. Dans les commentaires sans fioriture des agriculteurs résonne déjà le futur. La préface de Jean Ollivro, professeur de géographie à l’université de Rennes 2, résume d’ailleurs fort bien ce sentiment qui anime les agriculteurs bretons interviewés et, par là, celui de tous les autres : « Se réapproprier le métier ».

En quelques années, le discours du monde agricole breton a en effet profondément changé. Il ne s’agit plus de faire plus, ni moins, mais mieux. Mieux, par plus d’autonomie ; mieux par plus d’agro-écologie ; mieux par plus d’organisation des hommes et des moyens. La demande sociétale de plus en plus pressante – dossiers du bien-être animal, du glyphosate, du bio – a probablement forcé à accélérer le pas dans ce chemin « du faire autrement » ouvert il y a quelques années par des agriculteurs pionniers, voire visionnaires. Il ne manquait que le signal de leurs représentants professionnels et économiques. C’est fait. L’année 2017 qui s’achève sera bientôt regardée comme un tournant du « modèle agricole breton ». L’agriculture bretonne s’est manifestement inscrite dans le coup d’après.


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