En moyenne, les villes françaises ne consomment que 2 % de denrées produites sur leur territoire. Les initiatives se multiplient pour inverser la tendance.
Le cabinet Utopies a évalué le degré d’autonomie des 100 premières aires urbaines françaises. La ville de Lorient est bien classée avec plus de 4 % de produits achetés dans son secteur géographique (quelques dizaines de kilomètres alentour). Nantes mais aussi Brest et Saint-Brieuc font figure d’excellents élèves avec plus de 6 %, pas très loin des têtes de classe Valence et Avignon (8 %). Les pourcentages restent globalement faibles.
Pourquoi si peu d’achats locaux dans une région agricole comme la Bretagne ? « C’est le résultat d’une logique de spécialisation agricole et agroindustrielle des territoires au profit d’une demande mondialisée », estime Frédéric Wallet, chercheur à l’Inra, intervenant à une journée sur l’alimentation locale, à Lorient, la semaine dernière. La remarque vaut pour toutes les régions françaises même si la Bretagne se distingue par un faible pourcentage de fermes vendant, tout ou partie de leur production, en circuit court : 10 % contre 20 % en France.
Emploi et environnement
La tendance commence à s’inverser. Les collectivités territoriales se mobilisent, souvent en vue de préserver des emplois ou de réaliser des économies énergétiques. De nombreuses initiatives émergent depuis une dizaine d’années. « Nous sommes passés d’un enjeu agricole à un enjeu alimentaire. Il est beaucoup plus facile de mobiliser les citoyens sur ce thème de l’alimentation ». Les motivations pour acheter local concernent la santé, la préservation de la biodiversité, des sols, de la qualité de l’eau et des emplois. Les collectivités ont quelques leviers pour orienter les systèmes : la gestion du foncier et les soutiens financiers.
À titre d’exemple, la région Bretagne et la Chambre d’agriculture ont initié depuis quelques mois la démarche Breizh’Alim qui se met en place progressivement. Cette démarche vise, en premier lieu, à valoriser, par la commande publique, l’achat local de denrées alimentaires dans les établissements scolaires de Bretagne.
[caption id= »attachment_31448″ align= »alignright » width= »214″] Myriam Pierre, élue à Quéven[/caption]
65 % de produits locaux à la cantine
Notre cantine scolaire sert 650 repas par jour. En 2014, elle livrait deux repas bio par mois. L’organisation était compliquée et constituait des blocages. Ce n’était pas très vendeur pour les parents. Depuis, la mobilisation en interne a porté ses fruits. Cela n’a pas été facile car une cantine fonctionne par à-coups, contrairement à une GMS où les achats sont réguliers et plus importants. Nous travaillons désormais avec 13 agriculteurs situés à moins de 60 kilomètres qui fournissent plus de 20 % de produits bio à la cantine et 65 % de l’ensemble des denrées. Nous pourrions faire encore plus si la demande était mieux organisée sur le Pays de Lorient. Myriam Pierre élue à Quéven
Le bassin rennais contractualise avec ses agriculteurs
Le marché des restaurants scolaires de 15 communes, soit 20 000 repas par jour, a été attribué, pour 4 ans, à une vingtaine de producteurs qui s’engagent à améliorer certaines pratiques agricoles. Huit d’entre eux sont en filière longue et en conventionnel. Douze sont en filière courte et en bio. La marque «Terres de sources » a été déposée, qui permet une valeur ajoutée aux producteurs. « On a utilisé ce levier économique pour faire évoluer les modes de production agricoles ». L’objectif est désormais d’aller plus loin en associant aussi les consommateurs. Une centrale d’achat est envisagée pour des denrées alimentaires mais aussi des écomatériaux et des sources d’énergie comme le bois. De nombreuses fermes du bassin rennais pourraient ainsi être entraînées dans l’aventure…