Pas si simple de réussir un bon foin. Le recours à un acidifiant peut être une option facilitante en Bretagne, voire nécessaire en conditions délicates.
[caption id= »attachment_31586″ align= »alignright » width= »170″] Benoît Astruc, Calcialiment[/caption]
« Dans l’ouest de la France, le foin a une place mineure. C’est dommage. Il peut être très intéressant dans la ration des laitières comme source de fibres en lieu et place de la paille. C’est aussi un excellent produit pour nourrir le prétroupeau », plaide l’Aveyronnais Benoît Astruc, responsable ruminant chez Calcialiment. Mais pour que ce fourrage soit consommé « facilement », la qualité doit être au rendez-vous. « Un foin poussiéreux, c’est un foin plein de moisissure », estime-t-il. Or, réussir sa récolte, c’est trouver le bon compromis entre trois paramètres parfois « antinomiques » : valeur du fourrage, rendement de la parcelle et gestion de la fenêtre météo.
Conditionneur et pluie ne font pas bon ménage
Surtout, le spécialiste rappelle : « À partir du moment où l’herbe est fauchée, on ne peut plus que perdre… » Pertes mécaniques à la récolte, liées aux conditions météorologiques, durant le stockage… « Il arrive que 15 à 30 % des folioles de légumineuses soient perdues au champ si le fourrage est très sec. Une rafale de vent à 80 km / h suffit déjà à en arracher. À l’arrivée, c’est de la valeur protéique et énergétique en moins, un taux de fibres qui monte en défaveur de la digestibilité… » Le risque de lessivage d’un foin mouillé est également réel, notamment dans le cas de l’usage d’un conditionneur. « Le fléau frappe et lacère la matrice végétale mettant à nu les éléments nutritionnels qui ne sont pas intrinsèquement liés à la fibre. Solubles, ils sont emportés sous l’effet d’une pluie. »
Viennent ensuite les dégradations lors du stockage. « Le risque est essentiellement de nature fongique. Même si le foin est un produit sec, avec très peu d’eau libre, il y a très souvent un développement des spores. » Des moisissures invisibles à l’œil nu, même quand le portage fongique est important. « L’élévation de la température des bottes provoque du brunissement non enzymatique ou réaction de Maillard. Les protéines sont les premières impactées par cet échauffement. On dit parfois que cette caramélisation apporte de l’appétence, mais en réalité elle limite l’ingestion. » Tout cumulé, entre l’herbe que l’on fauche et le foin que l’on distribue, « jusqu’à 30 % de la valeur alimentaire peut être perdue », estime Benoît Astruc. « Passant par exemple de 0,8 UF / kg MS à moins de 0,6 ».
Dans ce contexte, celui-ci prône pour l’usage de conservateurs. Pour lui, l’un des messages à retenir est « le manque d’intérêt des inoculums (conservateur biologiques) sur les substrats très secs comme les foins ». Il estime qu’à un tel taux de matière sèche, il n’y a pas assez d’eau libre pour un bon développement des bactéries. « Il faut, dans ce cas, privilégier les acidifiants. » Ces spécialités commerciales sont généralement des mélanges d’acides organiques (propionique, acétique, formique). « Sur des substrats secs comme des enrubannages à taux de matière sèche élevé ou des foins, une formule à base d’acide propionique qui bloque la flore fongique et ses moisissures est à privilégier ».
Reprenant les résultats d’une étude menée par l’École vétérinaire de Clermond-Ferrand et l’EDE du Puy-de-Dôme, le conseiller affirme qu’il est possible de réaliser des foins plus précoces, « en pressant un fourrage jusqu’à 30 % d’humidité », grâce à l’incorporation d’acidifiant « à condition de respecter les dosages recommandés ». Ainsi, les folioles et les limbes des légumineuses sont sauvegardés, on augmente la valeur et la digestibilité du fourrage et on réduit le temps de séchage sur champ. « Au printemps, en Bretagne, une fenêtre de 2,5 jours de beau temps peut alors suffire pour faire du foin. Protégé par l’acidifiant, le fourrage descendra tranquillement ensuite jusqu’à 15 % de matière sèche… »