Créatif et curieux, Jean-Baptiste Buchoux, 27 ans, a toujours voulu travailler le bois. Il s’est accroché jusqu’à commercialiser aujourd’hui ses produits.
“Cette année, je m’étais fixé comme objectif de commercialiser une trentaine de mes sapins de Noël en bois”, raconte Jean-Baptiste Buchoux, menuisier designer à Saint-Brieuc. Tout début décembre, le contrat était sur le point d’être rempli. « Ensuite, j’en ferai quelques-uns sur commande », rassure le jeune homme à destination des retardataires. Lancé il y a 4 ans, son produit rencontre un franc succès. Pas d’aiguille à ramasser, adapté aux petits espaces, un matériau chaleureux, facile à transporter et à ranger… « Une simple clé de 17 pour dévisser le socle et ce n’est plus que deux planches épaisses à entreposer l’une sur l’autre… ».
Un sapin de Noël artisanal et modulable
Surtout, ce sapin escamotable aux lignes épurées est évolutif. Ses branches pivotent permettant de sculpter sa forme à loisir. Tantôt c’est une hélice dynamique, tantôt c’est un arbre conique ébouriffé où il est simple d’accrocher boules et guirlandes. Un look qui dépoussière la tradition sans pour autant la ranger au placard. Le sapin de Jean-Baptiste est vendu 90 €. De fabrication artisanale robuste, une fois adopté, il durera des années, ou plutôt des décennies. Les gens qui ont misé sur son sapin apprécient « le rapport chaleureux au bois, l’originalité et la durabilité du produit, sa modularité… »
Mais finalement, assez peu s’intéressent à la provenance du matériau, confie le créateur. Pourtant, ce dernier privilégie les sources locales en s’approvisionnant auprès de Noël Camard (entreprise « Le bois dans l’âme »), menuisier-charpentier installé à Plédran (22). « Il achète ses essences auprès de bûcherons qui abattent en Bretagne, si possible dans les Côtes d’Armor. » D’ailleurs, cette année, Jean-Baptiste Buchoux propose à chaque acheteur de son sapin de verser 3 € supplémentaires en faveur de la plantation d’un nouvel arbre grâce à l’initiative Reforest’Action.
Mais si le Briochin façonne du bois d’œuvre, il prend un malin plaisir à revaloriser du bois de récupération en faveur de produits à prix abordable. Les palettes notamment. « J’apprécie ce côté brut qui peut ensuite donner des choses très douces une fois travaillé, poncé, peint au point qu’on ne puisse plus deviner qu’au départ c’était du bois de palette… » Dans la boutique du centre-ville de Saint-Brieuc, l’Atelier 14, espace de commercialisation partagé par 25 créateurs locaux, Jean-Baptiste propose ainsi toute une gamme d’objets dessinés, découpés, taillés ou usinés par ses soins. Tables basses, fauteuils, sets de table en bois et lin imperméabilisé, dessous-de-verres, suspensions, lampes… « Dès qu’une idée me passe par la tête, je la dessine pour voir si elle est réalisable. » Des cahiers entiers de croquis. « Parfois, je passe directement sur l’ordinateur pour aller plus loin grâce à un logiciel 3D : préparer mes plans de coupe en cherchant le moins de perte de matière possible. »
Un magasin, 25 artistes
Dans un atelier collaboratif
Cet esprit vif et créatif associé à ces mains calleuses et expertes de travailleur sont le fruit d’un parcours marqué par la passion et l’abnégation (voir encadré). Un an après être sorti de l’école, à 23 ans, après une courte expérience en architecture d’intérieur, le Costarmoricain s’est jeté à l’eau en découpant et assemblant ses premières productions. « Sans ressource pour démarrer, je me suis rapproché de Saint-Brieuc Factory, le FabLab installé au port du Légué. »
[caption id= »attachment_31467″ align= »aligncenter » width= »720″] Pour concevoir et assembler ses produits, Jean-Baptiste Buchoux se sert des outils mis à disposition à Saint-Brieuc Factory, un espace où chacun peut venir créer, tester et prendre des conseils.[/caption]
Cet espace collaboratif ouvert à tous met à disposition des outils tels que imprimantes 3D, badgeuses, machines pour imprimer sur tissu ou créer des autocollants… « Moi, je me sers de la fraiseuse numérique, de la perceuse, de la ponceuse et du rabot électriques… Je rêve d’un atelier en commun rassemblant des acteurs travaillant le bois. Mais en attendant, ce lieu me permet de produire sans acheter tout ce petit outillage, d’échanger avec d’autres créateurs et d’obtenir de la visibilité et des commandes grâce à toutes les personnes qui poussent la porte. »
Jamais avare de rencontres et d’échanges, Jean-Baptiste Buchoux anime également depuis l’été dernier des ateliers pour Leroy-Merlin à Langueux (22). « C’est un bon exercice de création pour moi. J’aime que les participants arrivent avec leurs idées. Puis en quelques heures, on les réalise à partir de bois. Une tête de cerf, une table basse, un banc, un meuble haut, un tipi pour les enfants… Une fois de retour à la maison, avec les techniques transmises, ils peuvent construire bien d’autres choses. »
Du BEP à l’école d’arts
Contact : Jean-Baptiste Buchoux, l’Atelier 902 (architecture d’intérieur et design mobilier). 06 83 46 99 92 ou latelier902@gmail.com