Les habitudes alimentaires évoluent. Les jeunes Occidentaux consomment moins de viande. Certains d’entr’eux se sont trouvé un nouveau combat dans la défense des animaux d’élevage.
Les catégories socioprofessionnelles les plus aisées (CSP+) consomment de moins en moins de viande. Le prix et les crises sociales n’ont donc rien à voir dans cette tendance de consommation. « Le déclin des viandes est lié à l’absence de travail physique d’une société tertiaire », indique Éric Birlouez, sociologue et agronome, intervenant à une journée organisée par l’Ifip. « La viande n’est plus un marqueur social comme auparavant. Désormais les pauvres en mangent beaucoup ». Rarement de la meilleure qualité. Les personnes aisées ne sont pas les seules à bouder les produits carnés. « Les jeunes ont besoin de croire à une nouvelle utopie. La libération des animaux de rente est devenue un combat pour certains d’entre eux ». Che Guevara ne fait plus recette ; ils ne croient plus à la politique.
Nouvelle éthique alimentaire
Manger n’est plus seulement une question de calories ingérées. L’acte pose beaucoup de questions. « Une sorte d’intranquillité alimentaire se développe, associée à la conscience environnementale, au défi de la sécurité alimentaire mondiale, à la souffrance et à la mort des animaux (pour les viandes) ». L’éloignement du consommateur des élevages et des lieux de production a entraîné de nombreuses craintes sur les aliments carnés ou non. De nouveaux styles de consommation se développent : véganisme, sans gluten, bio, crudivores et même jeûneurs… intermittents (ouf).
Il y a même des adeptes des diètes paléo, pour les nostalgiques du confort des grottes, qui laissent peu le loisir de faire du gras. Les nouvelles technologies apportent aussi leurs lots de surprises. Les fourchettes connectées vibrent désormais quand leur propriétaire mange trop ou trop vite… Quoi qu’il en soit, une phrase de Claude Lévi-Strauss résume à elle seule les nouveaux modes de consommation : « Pour être consommé, un aliment ne doit pas être seulement bon à manger mais aussi bon à penser ».