Les cultures légumières bénéficient de la recherche de grands groupes qui axent leur travail sur les tolérances vis-à-vis des bioagresseurs. C’est le cas de Syngenta, qui présentait ses pistes de réflexion à Saint-Pol-de-Léon (29).
« La Bretagne compte 52 bio-agresseurs agissant sur la famille brassica », introduit Damien Penguilly, responsable des expérimentations au Caté, lors d’une journée consacrée aux choux et organisée par la firme Syngenta. Ces bioagresseurs, composés de divers insectes ou maladies, sont bien connus des producteurs, comme les attaques de « mycosphaerella, maladie hivernale présente tous les ans entre novembre et mars. En formant des taches circulaires sur les feuilles, ce champignon se distingue de l’alternaria, où les feuilles ne se déchirent pas. La nuisibilité de ces maladies entraîne des chutes de feuilles, avec pour conséquence des calibres plus petits. Une nuisibilité directe apparaît également, avec des taches sur les choux les rendant non commercialisables ».
En 2007, le Caté a réalisé une expérimentation avec 2 conduites de culture, à savoir un témoin non protégé et une culture bénéficiant d’une application fongicide, avec l’introduction de variétés plus tolérantes aux maladies. « Sur une variété sensible, l’absence de traitement fongicide induit des pertes de rendement de l’ordre de 30 %, avec une répercussion sur le chiffre d’affaires de 350 € / ha. La protection fongicide est alors économiquement justifiée, contrairement à une culture comportant des variétés tolérantes ». Le développement de variétés plus résistantes suit son chemin, mais la recherche doit encore avancer. « En choux de Milan, sur les 9 variétés proposées au catalogue, aucune n’est tolérante. En chou-fleur, 7 variétés présentent un bon comportement face à ces champignons sur les 38 disponibles sur le marché. Or ces 7 choux-fleurs sont des variétés de février, de mars ou d’avril. Impossible d’avoir donc une conduite qui correspond au calendrier de production ».
La chimie inefficace contre la hernie
La hernie des crucifères a beaucoup touché les cultures cette année, en cause une « pluviométrie 3 fois supérieure à la moyenne au mois d’août, avec 145 mm. La chimie est inefficace contre la maladie, il faut jouer sur des rotations plus longues, entretenir le pH, travailler finement la terre », rappelle le responsable. Sur 17 exploitations enquêtées sur le bassin saint-politain, 1/3 n’ont pas observé d’hernie, 1/3 ont remarqué quelques zones dans les champs. Le tiers restant a déploré des dégâts significatifs. « Des variétés comme Clapton ont un bon comportement, mais ne couvrent pas encore une fois l’ensemble de la saison ».
Un travail de longue haleine
[caption id= »attachment_32167″ align= »alignright » width= »200″] Jan Bruin, phytopathologiste chez Syngenta.[/caption]
Jan Bruin est phytopathologiste pour la société suisse Syngenta. Ses recherches sont essentiellement axées sur la mise au point de nouvelles variétés plus tolérantes aux différents bio-agresseurs. « L’hybridation est un processus long, qui peut prendre entre 8 et 14 ans ». Quand une source de résistance est observée, l’équipe de recherche doit s’assurer de la possibilité de culture en plein champ. « Nous le vérifions en conditions chaudes, dans des pays où les insectes et les maladies sont très présents. Nous travaillons beaucoup sur la hernie des crucifères, champignon produisant des spores qui survivent 15 ou 20 ans dans les sols. Il existe 4 types de hernie, les races 0 et 1 étant prédominantes, les races 2 et 3 sont plus rares. La variété Clapton est tolérante aux races 0, 1 et 3 ». Ces efforts permettent aux producteurs d’envisager un futur sans solutions chimiques.