Les Pays-Bas font les gros titres du monde agricole : après le scandale des œufs contaminés au fipronil, c’est désormais un soupçon de fraude environnementale massive sur la gestion des effluents d’élevage. Comme le rappelle Christophe Perrot, de l’Institut de l’Élevage, dans un article présenté au colloque de la Société française d’économie Rurale « Compétitivité, Agriculture et Alimentation » à Reims en juin 2017 et dont nous reproduisons des extraits ci-dessous, les Pays-Bas bénéficient d’une dérogation pour les déjections d’azote organique : un plafond d’épandage à 230 kg d’azote par hectare, voire 250 kg dans certaines zones, bien au-delà de la norme européenne à 170 kg d’azote par hectare. En contrepartie, cet important producteur de viandes et de lait s’était engagé à limiter ses déjections de phosphore… alors qu’elles s’avèrent finalement en hausse ! Les récentes révélations de fraude risquent bien de remettre en cause ce régime de faveur dont le renouvellement au-delà du 31 décembre 2017 n’était pas encore acté en fin d’année. Sans régulation de l’offre, la production s’est concentrée Sachant que la politique environnementale est une prérogative européenne, la Commission européenne directement responsable de sa gestion, est particulièrement attendue sur ce dossier. Le sérieux de la politique environnementale était un argument fréquemment avancé par les défendeurs de la suppression des quotas laitiers pour tenter de rassurer ceux qui voyaient dans la disparition de cet outil de régulation des risques quant aux conséquences d’une concentration excessive des productions laitières dans certaines régions. Et comme le montrent les experts de l’Institut de l’élevage, les Pays-Bas, habituels pourfendeurs du contrôle de l’offre, ont largement profité de la dérégulation et d’un certain laxisme de la politique environnementale pour exprimer leurs avantages compétitifs (notamment organisationnels et humains) afin de produire beaucoup plus et donc polluer plus. Rappelons-le les déjections animales sont une richesse…
La dérogation sur l’épandage a du plomb dans l’aile aux Pays-Bas