Quatre étudiants BTS du lycée les Vergers organisent une porte ouverte sur un élevage utilisateur de luzerne. Un projet qui vise à mettre en lumière une solution cumulant autonomie alimentaire et réduction des charges.
C’est le thème de l’autonomie alimentaire du troupeau laitier que quatre étudiants en 2e année de BTS Acse* au lycée les Vergers à Dol-de-Bretagne ont choisi de mettre en avant dans le cadre de leur Pic, projet d’initiative et de communication qui s’étale sur six mois dans le cursus de formation. « Alors que la crise touche toujours de nombreux élevages laitiers, nous avons souhaité aborder la thématique de la luzerne et de sa valorisation qui permet de réduire les coûts alimentaires », commencent les quatre jeunes, tous fils d’agriculteurs.
Dans un groupe AEP
Pour leur action, ils ont fait appel à Stéphane Charrier, qui a accepté d’ouvrir son exploitation laitière basée à Javené (35), pour qu’ils y organisent une porte ouverte. « La culture de luzerne a été mise en place sur l’exploitation au printemps 2015, suite au départ en retraite d’un des associés. J’ai alors choisi de déléguer l’élevage des génisses et de m’orienter vers davantage d’autonomie pour les vaches laitières avec l’objectif de réduire les intrants », explique l’éleveur qui fait aussi partie depuis 2014 d’un groupe AEP (Agriculture écologiquement performante, démarche portée par la Région) travaillant sur l’autonomie protéique. De 3 UTH, l’exploitation est passée à 2 UTH (Stéphane Charrier et un salarié) en janvier 2015. 110 vaches laitières Prim’Holstein produisent les 790 000 L de lait. « Les 87 ha de SAU sont tous consacrés à l’alimentation du troupeau. Auparavant, pour nourrir les vaches et les génisses, nous avions environ la moitié de la surface en maïs et l’autre moitié en herbe. Aujourd’hui, je cultive 46 ha d’herbe, 28 ha de maïs, 11 ha de luzerne et 2 ha de RGH-trèfle violet. » « Je table sur une moyenne de 13 à 14 t MS/ha/an » Stéphane Charrier a commencé la luzerne avec 6 ha implantés sur des terres plus filtrantes, à pH de 6,9. Dans cette zone près de Fougères, les terres offrent de bons potentiels.
« Je table sur une moyenne de 13 à 14 t MS/ha/an »
Cinq coupes/an sont réalisées, à intervalles de 4 à 5 semaines, « à une hauteur de 8 – 10 cm du sol. » Après andainage le lendemain, la luzerne est ensilée, voire enrubannée pour une partie. En 2017, 5 ha supplémentaires ont été implantés. « C’est une surface maximale dans ma rotation, car il est préférable de respecter un intervalle de 7 ans entre deux luzernes. Et cette plante est très intéressante pour la protéine (17 à 25 % de MAT selon les coupes). Par contre, la densité énergétique peut être parfois un peu faible… C’est pourquoi j’ai décidé d’implanter aussi du RGH-trèfle violet qui est ensilé, plus équilibré pour les rations des laitières. » Cet hiver, le producteur a par ailleurs testé une technique d’ensilage de maïs en coupe longue et grains pulvérisés afin de valoriser au maximum l’énergie du maïs.
Réduction du coût alimentaire
Lors de la porte ouverte, un pôle nutrition est prévu avec Eilyps afin de développer l’intérêt de la luzerne dans la ration. « Aujourd’hui, j’ai réduit de 30 à 40 % mes achats de concentrés. Mon coût alimentaire est passé de 97 €/1 000 L en 2014/15 à 69 € en 2016/17. » Côté santé, l’impact est aussi favorable puisque l’éleveur économise 20 €/VL/an sur les charges vétérinaires.
* Analyse, conduite et stratégie de l’entreprise agricole