Loin des clichés, au plus près de la vie des habitants, Julien Reuzé, étudiant en BTS Acse au CFTA de Montfort-sur-Meu, est allé à la découverte de l’agriculture en Polynésie française d’avril à septembre 2017.
[caption id= »attachment_31978″ align= »alignright » width= »161″] Julien Reuzé.[/caption]
« Je souhaitais partir dans les îles du Pacifique. Pas seulement pour la beauté idyllique des paysages mais aussi pour rencontrer le peuple polynésien, sa culture et découvrir les différents systèmes agricoles », introduit Julien Reuzé. Et pour cause, les décors paradisiaques font parfois oublier les réalités économiques d’un territoire, au-delà de l’aspect touristique. Si, avant de partir, on lui a souvent demandé : « Il y a des fermes en Polynésie ? ». Maintenant, il peut répondre : « Partout où je suis passé, s’il y a de la terre arable et des familles à nourrir, il y a de l’agriculture. »
Des exploitations multiproductions
À Hitiaa, zone la plus pluvieuse de Tahiti, à 35 km de la capitale Papeete, Brice Coppenrath gère une des plus importantes exploitations de Polynésie : 35 ha de plantation, un élevage porcin naisseur-engraisseur de 140 truies et un élevage allaitant de 25 têtes. Dans son assolement, tout aussi exotique que le cadre dans lequel il travaille, il cultive 9 ha d’ananas, 6 ha d’agrumes en plein champ, 3 ha de cocotiers, un hectare de maraîchage pour des produits locaux (taro, manioc, pastèque), 1 ha de papaye, fruits de la passion et bananes) et, beaucoup plus classique à nos yeux, 12 ha de pâturage.
Ces multiples productions, gérées en agriculture raisonnée avec les 14 ouvriers, sont « une nécessité dans cette région tropicale et mal desservie », selon l’agriculteur. « Il faut laisser faire la nature. » La production fruitière est vendue aux snacks de jus de fruits de Brice Coppenrath et en direct, au marché de Papette, où il possède deux stands. La production porcine à l’abattoir de Tahiti, le seul de Polynésie. Les porcs sont nourris avec de l’aliment importé en conteneur qui provient d’Australie et de Nouvelle-Zélande. Peu de travaux sont mécanisés. « Chez Brice Coppenrath, on humanise », c’est-à-dire qu’on essaie d’employer le maximum de personnes sur cette île au taux de chômage élevé. Par exemple, l’alimentation des 1 200 porcs est réalisée par sac de 20 ou 25 kg.
[caption id= »attachment_31975″ align= »aligncenter » width= »720″] Fruits tropicaux à l’étalage.[/caption]
Aux îles Marquises, la vocation agricole s’intensifie
Ensuite, direction l’archipel des Marquises à 1 500 km au nord de Tahiti. Cet archipel compte 7 îles habitées par environ 10 000 Marquisiens, qui vivent principalement de la pêche, de l’agriculture et de l’artisanat. Sur l’île de Ua-Pou, une coopérative agricole exporte les fruits et légumes des agriculteurs locaux vers Tahiti. Elle soutient le développement agricole. Les bénéfices de l’année 2016 ont permis de former une quinzaine d’agriculteurs à l’apiculture en leur fournissant tout le matériel nécessaire à cette production, ce qui leur donne un revenu supplémentaire non négligeable.
À Nuku-Hiva, au CED (Centre d’éducation au développement) Saint-Joseph de Taiohae, une école agricole est gérée par Frère Rémy Quinton, natif de Rennes (35). Il est envoyé en Polynésie par les Frères de La Mennais de Ploërmel dans le but de construire une école agricole, ce qu’il a fait en 1998, après un BTS Acse adulte en un an au CFTA de Monfort-sur-Meu.
Quelle coïncidence ! 20 ans plus tard, cette école dynamique compte 85 élèves du CAP agricole au Bac Pro CGEA (Conduite et gestion d’une exploitation agricole) et une exploitation pédagogique avec un petit atelier porcin (7 truies), une plantation d’environ 3 ha avec des agrumes, quelques planches d’ananas et un peu de maraîchage. Les élèves passent la moitié de leurs temps en travaux pratiques. Ils apprennent entre autres à gérer une plantation, à alimenter les porcs, à construire des bâtiments.
De la valeur ajoutée qui s’exporte
Julien Reuzé