Le développement des sondes CO2 dans les poulaillers a déclenché une étude pour déterminer à quel endroit les positionner et le nombre nécessaire pour obtenir des résultats justes selon les types de bâtiment.
La directive européenne bien-être du poulet de chair, transcrite en droit français, impose une teneur maximale en CO2 de 3 000 ppm. « Sur le terrain, les capteurs de mesure de CO2 révèlent des difficultés à rester sous le seuil réglementaire dans certaines situations », déclare Christian Nicolas, ingénieur avicole à la Chambre régionale d’agriculture. En cas de dépassement de ce seuil, selon la fréquence, l’amplitude et les souches, l’activité des volailles se réduit, des incidences sur la santé et le développement peuvent être observées.
Le CO2 souvent lié au chauffage
En début de lot, le CO2 provient du chauffage avec combustion interne (grande majorité des élevages) car les débits de ventilation sont au minimum. En cours de lot, la 1re source est la respiration des volailles. En fin de bande, c’est la fermentation de la litière qui impacte fortement le taux. « Il existe des leviers d’action pour mieux la maîtriser le CO2 . Cela passe par une bonne ventilation, par les économiseurs récupérateurs de chaleur (ERC) qui permettent de chauffer moins et donc de limiter la combustion dans le poulailler. Une isolation performante a aussi une influence sur le CO2 . Mais le meilleur levier est un moyen de chauffage par combustion externe », explique Christian Nicolas.
Réduire le CO2 consomme de l’énergie
Il faut trouver le bon compromis entre réduction du taux de CO2 et hausse de la consommation de gaz et d’électricité lorsque l’éleveur ventile plus. « Selon une étude de l’Inra, un débit minimum fixé à 1 m3/heure/kg de poids vif permet de réduire la teneur en CO2 mais en augmentant la consommation de gaz. La hausse est plus faible lorsque le débit minimum est ajusté sur la teneur en CO2 , avec un chauffage à combustion indirecte et l’isolation renforcée », analyse Christian Nicolas. Une étude Gest CO2 est en cours avec pour objectif de mettre au point une méthode de mesurage des concentrations de CO2 en bâtiment avicole et des outils pour la prise en compte du CO2 dans le processus de gestion de l’ambiance.
Des résultats à valider en élevage
« Les premiers résultats de l’étude indiquent que le capteur doit être positionné dans un bâtiment de poulet de chair à environ 80 cm du sol et plutôt au centre entre les lignes de mangeoires et d’abreuvement », déclare Pauline Créach, de l’Itavi. Plusieurs capteurs de même technologie (IRND) ont été testés et ils affichent des résultats différents. « Il faut être vigilant sur le biais (mini +/- 100 ppm) et la dérive du capteur dans le temps. L’inertie du capteur est à prendre en compte au niveau du boîtier de régulation. »
Les premiers résultats obtenus à l’Anses de Ploufragan vont être validés par des essais en élevage pour adapter le nombre et le placement des sondes selon le type de ventilation du bâtiment. Pauline Créach annonce ensuite les perspectives pour les mois à venir : « 3 essais sont en cours dans 3 élevages contrastés, nous aurons les résultats en ce début d’année. Ces résultats vont nous permettre de proposer aux éleveurs et techniciens un outil d’aide aux choix des consignes CO2 en fonction du bâtiment (isolation) et des équipements pour intégrer au mieux le CO2 dans la régulation. L’objectif étant de maximiser le bien-être des animaux et des éleveurs, en minimisant l’énergie consommée. Des essais en lien avec les équipementiers vont démarrer début 2018 pour hiérarchiser les sondes température, hygrométrie et CO2 dans la régulation. »