À Montreuil-sous-Pérouse, les vaches du Gaec Stardière boitent moins et sont moins stressées grâce à des revêtements innovants proposés par la Coopérative des agriculteurs de la Mayenne.
« J’en avais ras-le-bol des boiteries ! » L’état des vieux chemins creux de l’exploitation de Thierry Collerais ne faisait rien pour arranger la situation. L’hiver, et même « dès septembre », le chemin principal, en pente, se révélait dangereux : plein de pierres cachées sous la boue abîmaient les pieds des 60 vaches. Les vaches blessées rechignaient, bloquaient les autres, stressaient. Pour l’éleveur, les pertes économiques étaient réelles : « On a dû réformer beaucoup, et passer beaucoup de temps à lever les pattes. »
Ce chemin est « la colonne vertébrale » du parcellaire, explique l’éleveur bio. C’est le point de départ pour accéder à plus de 60 hectares de pâtures, en paddocks. Quand les vaches sont dehors, c’est-à-dire neuf mois de l’année, le troupeau y passe quatre fois par jour, pour aller et revenir de la traite, matin et soir.
[caption id= »attachment_31890″ align= »aligncenter » width= »720″] Le chemin creux avant les travaux : les pierres affleurent.[/caption]
Quatre étapes
C’est pour cette raison qu’il a décidé d’investir dans la technologie Cam’ Accès pour stabiliser ce chemin. « C’est un outil de travail », considère-t-il. Début octobre, le service « matériaux » de la Cam et son prestataire WTP (basé à Beaulieu-sur-Oudon, en Mayenne) ont donc réalisé ce chantier sur 480 m de sentier. Première étape : décaper le chemin et veiller à ce que le fond reste légèrement bombé pour faciliter l’écoulement des eaux (et à l’inverse éviter surtout les creux qui favorisent les nids-de-poule). Ensuite, un géotextile est étendu. Puis, il est recouvert d’un lit de pierre drainant, compacté au cylindre. Enfin, on étend le produit Cam’ Accès, préparé en amont et livré par camion.
Le procédé consiste à mélanger du sable avec un liant hydraulique, de type chaux-ciment, à l’aide d’un malaxeur. Il est épandu en une seule couche, pour tenir la structure. Le produit sèche en une heure et demie ce qui demande une pose rapide. Ensuite, il est conseillé d’attendre une semaine pour que l’ensemble finisse de sécher. Cette couverture drainante offre une mise en œuvre simplifiée, au contraire du béton ou de l’enrobé qui doivent être accompagnés de caniveaux de récupération d’eaux pluviales. Cela serait difficile à appliquer sur de longues portions. Par ailleurs, en pente, le béton peut glisser.
Le chemin reste relativement étroit (2 mètres). Cela limite la tentation de l’emprunter en tracteur. « Ça reste un accès pour les vaches laitières », insiste Gaël Houdeline, technico-commercial de la Cam. « Un tracteur peut éventuellement l’emprunter en roulant droit, mais il est hors de question d’y manœuvrer », au risque de défoncer le revêtement. Qui dit boiteries, dit conséquences négatives en chaîne : vaches stressées, donc en perte d’appétit, de production, de fertilité. À l’inverse, réduire ces boiteries enclenche une spirale positive. « On améliore la rentabilité : la production n’est pas affectée, on économise sur les frais vétérinaires, le chemin propre limite les butyriques dans le lait. Et on améliore le temps de travail, donc la qualité de vie de l’éleveur », énumère Gaël Houdeline.
[caption id= »attachment_31891″ align= »aligncenter » width= »720″] Un chantier d’installation du revêtement : membrane géotextile, lit de pierre et revêtement Cam’Accès (photo Matthieu Jamoteau).[/caption]
Au Gaec Stardière, les vaches blessées restaient dans une parcelle près de la stabulation. « Désormais, on ne le fait plus, les vaches marchent », se réjouit Thierry Collerais. « C’est agréable de faire pâturer en novembre. Avant, je stressais. » Maintenant que son axe principal a été inauguré, « il y a encore les départementales à faire », voit l’éleveur. Ce sera la prochaine étape.
Rémi Hagel, Avenir Agricole