L’assemblée générale de la section céréales de Triskalia est le rendez-vous annuel des producteurs. L’occasion pour eux de se projeter dans le futur. Les marchés, bloqués sur des perspectives peu encourageantes, imposent une agilité de gestion pour rester « dans le vert » !
Au delà des chiffres d’activités et des faits d’actualité de la section, l’assemblée générale céréales est l’occasion de présenter aux adhérents un point détaillé sur les marchés en cette fin d’hiver. Pour Jean-Christophe Bodénan, responsable de marchés à Triskalia : « L’évolution de la parité euro – dollar sur 2017 a fait perdre 20 € par tonne de céréales. Et ce constat se poursuit en 2018 avec une concurrence de la Mer Noire et des USA véritablement dopée par le jeu des monnaies ! Les Russes en profitent pleinement avec une efficacité remarquable à l’export, facilitée par l’absence de blocage des flux pour intempéries. À cela s’ajoutent d’autres éléments baissiers, comme les très bonnes conditions de cultures sur la récolte à venir en Europe et autour de la Mer Noire. »
Les jeux ne sont pas faits
Pour ce spécialiste des marchés, il ne faut pas s’arrêter à ces constats. Plusieurs facteurs de hausse potentielle en céréales sont à surveiller et pourraient changer la donne. Ainsi par exemple, le temps sec sur les États-Unis, l’Argentine, le Maroc et l’Algérie. « Les jeux sont loin d’être faits, car d’ici l’été l’incertitude climatique reste le pilote des grains », insiste Jean-Christophe Bodénan en essayant de rassurer son auditoire. « Si cette météo se maintient, un retournement de tendance à la hausse pourrait se confirmer et serait alors accentué » par d’autres facteurs comme la baisse des surfaces en blé aux USA ou un retour potentiel des fonds spéculatifs sur les grains ». Enfin, il fait également remarquer que la consommation progresse, ce qui est également de bon augure.
Optimisation “multi-leviers”
[caption id= »attachment_33071″ align= »alignright » width= »156″] Jacques Mathieu, directeur général d’Arvalis[/caption]
L’intervention de Jacques Mathieu, directeur général d’Arvalis, en fin d’assemblée, a permis aux adhérents de prendre de la hauteur par rapport à ce contexte conjoncturel et de dresser des perspectives plutôt encourageantes. Pour lui, le marché mondial fixe le prix des céréales et restera très bagarré. Ce contexte présentera des opportunités à terme par l’accroissement de la demande (9 milliards d’habitants) et les évolutions climatiques. « Mais pour pouvoir bénéficier à plein de ces opportunités, il faut s’en donner les moyens, insiste l’agronome expérimenté. Les céréaliers français ont des points forts comme le niveau et la régularité de rendement et la qualité sanitaire… En revanche, ils doivent agir sur leurs points faibles que sont les charges de structure, les coûts salariaux et de mécanisation. Mais, insiste-t-il, apporter des efforts supplémentaires dans la gestion des charges ne doit pas se faire au détriment du potentiel de la culture… »
Enfin, l’optimisation du pilotage des exploitations “multi-leviers” ouvre de nouvelles perspectives de progrès tant sur les charges fixes que sur les intrants par les outils d’aides à la décision (OAD). « Avec une agro-écologie de performance, l’agriculture en a encore sous le pied », conclut Jacques Mathieu, qui croit fortement en l’avenir de la production de céréales françaises.
Port de Lorient : la sauterelle vers l’export
Fruit d’une réflexion menée depuis 2014, la région Bretagne et la Chambre de commerce et d’industrie du Morbihan (CCIM) viennent de doter le port de Lorient d’une sauterelle équipée d’un « décamionneur ». Cet investissement de 330 K€ répond aux demandes de Triskalia et du groupe d’aucy pour développer la performance des chargements de bateau à l’export. Désormais, il est possible de charger jusqu’à 15 000 tonnes sur ce port, sur un rythme de 3 000 tonnes par jour. Ce nouvel équipement, unique en France, permet le chargement en direct de bord sans passage par un magasin de stockage. Il facilite aussi la finition des cales de bateau pour assurer la stabilité des navires. Cette réflexion du collectif régional (CCIM / collecteurs / manutentionaire) met à disposition des collecteurs bretons un coût de logistique export aussi compétitif que sur Rouen.