Pour sauver le plus d’agneaux à la naissance, une prise de colostrum en quantité et qualité suffisante est vitale.
[caption id= »attachment_32743″ align= »alignright » width= »193″] Pierre Autef, vétérinaire à Bellac (87)[/caption]
Par rapport au veau ou au chevreau, l’agneau naît avec un handicap : il a une peau plissée, favorisant l’hypothermie. Dans les premières heures, quand il sèche, il perd énormément de chaleur du fait de la surface de ces plis et de l’évaporation. L’hypoglycémie est à l’origine de 25 à 50 % des maladies néonatales. Un constat qui, cumulé à l’absence d’immunité locale et générale, rend l’apport du colostrum vital. « C’est ce carburant qui prend le relais du peu de réserve dont est doté l’agneau à la naissance », insiste Pierre Autef, vétérinaire intervenant à la journée régionale technique ovine, le 11 janvier, à Montauban-de-Bretagne (35).
Sinon, ses réserves de graisses « brunes » ne lui assurent une survie que de 6 à 10 heures, en fonction de la température de la bergerie, du poids à la naissance… et ne lui permettent pas de combattre le risque infectieux majeur dans son environnement dès les premières minutes de vie.
300 mL de colostrum
De multiples facteurs vont influer sur la prise minimale de colostrum dans les 6 premières heures de vie, estimée à 1/10e du poids de l’animal. Si la richesse du colostrum est déterminée par sa concentration en immunoglobulines IgG1, qui disparaissent du lait de la brebis 24 heures après l’agnelage, 80 à 100 % du colostrum ne passent dans le sang des agneaux que dans les 6 premières heures de vie, « définissant le phénomène de transfert de l’immunité passive », avant la fermeture progressive de la perméabilité
intestinale. Cette buvée sera directement liée au poids à la naissance. « Plus un agneau est lourd et vigoureux, plus il va boire du colostrum. »
Les alternatives au colostrum maternel
Agneau chétif, portée trop nombreuse, accident sur la brebis à l’agnelage, pas de démarrage en lait… Et si l’agneau ne boit pas de colostrum ? « Il peut être envisagé une injection d’ocytocine chez la brebis, hormone de l’adoption et de l’éjection du lait pour traire la mère », propose le spécialiste ovin.
Sinon, des alternatives au colostrum maternel sont possibles. La décongélation au bain-marie de colostrum congelé de brebis permet une efficacité protectrice intéressante, d’autant plus s’il est issu du même élevage. Une ingestion de 50 mL/kg de poids vif en 2 buvées est alors préconisée. À défaut, 3 à 4 buvées de colostrum de vache peuvent être distribuées (200 mL/kg de poids vif en 24 heures), provenant d’un élevage dont on connaît le statut sanitaire : « La paratuberculose peut par exemple être transmise par du colostrum de vache ». Ces buvées peuvent être assurées par un sondage gastrique avec un pélican. Sur le marché, des colostro-remplaceurs sont également accessibles, « mais avec une moindre concentration en immunoglobuline qu’un colostrum d’un élevage. » Et, éventuellement, pour une efficacité rapide et maximale, l’hypothermie peut également être combattue par une injection intrapéritonéale de glucose isotonique à 5 %.