Le 1er février 1985 : les étourneaux, ces hordes d’envahisseurs

Dans les archives de Paysan Breton :

Un bien curieux oiseau, en vérité que notre étourneau sansonnet ! Symbole de l’étourderie, il compte en réalité les plus « intelligents » des animaux à plumes, si l’on en juge par la variété de ses comportements et ses incroyables facultés d’adaptation…

Notre oiseau est loin d’être neutre vis-à-vis de l’homme. Dans l’équilibre naturel, il sait être « utile » en prélevant nombre d’insectes prédateurs des cultures ; mais il est aussi « nuisible » en ravageant lui-même celles-ci. Son intervention revêt une ampleur insoupçonnée. Les étourneaux d’un dortoir moyen, au nombre d’un million, pèsent quatre-vingts tonnes, consomment trente tonnes de nourriture par jour et déposent plus d’une tonne de fiente chaque nuit sous les arbres où ils se reposent.

Utile ou nuisible

Utile ou nuisible ? Les agriculteurs et les propriétaires forestiers sont plutôt sensibles aux caractères nuisibles de ces hordes d’étourneaux qui sévissent dans plusieurs secteurs de Bretagne. Ils sont alors frappés par l’ampleur des destructions sur les arbres des dortoirs, les parcelles ensemencées et les silos à maïs. Ces silos à maïs étant d’ailleurs l’une des explications au pullulement de ces oiseaux dans notre région en hiver.

18 millions d’unités

Or, en Bretagne, la population d’étourneaux est très dense : elle est estimée à 18 millions d’unités. Qui se répartissent ainsi : Côtes-du-Nord 6 millions, Finistère 10 millions et Morbihan 2 millions. Les dégâts agricoles provoqués sont chiffrés à 2,50 francs par étourneau. Plus précisément, l’étourneau se nourrit à 90 % de grains de maïs. À raison de 30 g par jour par oiseau, auxquels il faut ajouter 15 g refusés par les bovins à cause des souillures.

Au total, les étourneaux causeraient durant la période d’hivernage (novembre à février) 45 millions de francs de dégâts à l’agriculture bretonne. À cela il faut rajouter les branches cassées dans les dortoirs, l’excès d’engrais résultant des fientes (environ 20 cm à l’issue de l’hivernage). Ainsi que les ravages sur les parcelles ensemencées et les risques de pollution de l’eau par les fientes…

Autres victimes des étourneaux : les lignes moyenne tension d’EDF qui servent parfois de « piste d’envol » pour les étourneaux.

Traitement aérien

Pour ces raisons, les services de la protection des végétaux, les Fédérations de défense contre les ennemis des cultures et les Fédérations de Groupement de défense sanitaire ont décidé de limiter les populations par traitement aérien des dortoirs.

Un contrat a été signé avec une compagnie aérienne, Air Alsace Service pour une opération financée essentiellement par les Conseils généraux des Côtes-du-Nord et du Finistère. Le coût approximatif de traitement d’un dortoir moyen serait de l’ordre de 50 000 francs.

L’avion emporte 500 litres d’une solution comprenant le produit toxique. Il effectue deux passages par vol au-dessus du dortoir, à 25 mètres de hauteur. Par une nuit noire, sans vent ni pluie.
L’opération est délicate. Elle se déroule la nuit, tous feux éteints. Le terrain doit donc être soigneusement repéré et balisé avant le passage de l’avion. Celui-ci est d’ailleurs guidé en partie par radio, depuis le sol.

Le produit déversé sur les oiseaux agit entre 12 h et 72 heures après avoir été absorbé par les étourneaux. Leur prolifération est stoppée : de 30 à 60 % d’entre eux sont éliminés.
Cette technique semble être la plus efficace. Elle est préférée à l’effarouchement qui ne fait que déplacer le dortoir d’un point à un autre.

F.C.


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