Face à la « défiance » des distributeurs à la table des négociations commerciales en cours actuellement, les producteurs n’entendent pas relâcher la pression sans des « signes positifs » qui donneraient une orientation favorable au prix payé au producteur pour l’année à venir.
Ce mercredi 7 février, les réseaux FRSEA et JA de Bretagne et de Pays de la Loire étaient à pied d’oeuvre pour « Les mercredis des négociations commerciales ». Comme en Vendée, Loire-Atlantique ou Maine-et-Loire, des opérations ont été menées au niveau de plusieurs grandes surfaces bretonnes (l’enseigne Intermarché étant particulièrement visée cette semaine) : à Guingamp (nos photos) et Dinan dans les Côtes d’Armor, à Rennes en Ille-et-Vilaine, à Landerneau et à Châteaulin dans le Finistère. Dans le Morbihan, les syndicalistes ont organisé une rencontre avec des représentants des enseignes distributrices à la préfecture de Vannes sous l’autorité du représentant de l’Etat dans le département.
Parking fermé
« Ce n’est pas ici que se font les négociations commerciales », se défend le directeur de l’Intermarché de Saint-Agathon, en périphérie de Guingamp (22). « Oui, mais c’est ici que se fait l’opération Les quatre semaines les moins chères de France », rétorquent Jean-Marc Lohier et Philippe Chardel, responsables de la section laitière de la FDSEA des Côtes d’Armor. « C’est du commerce… », tente d’argumenter le patron indépendant face à une poignée d’éleveurs au beau milieu d’un parking vide dont les accès sont bloqués par les manifestants. A Dinan également, une autre équipe du syndicat est en action sur le site d’un autre magasin de la même enseigne. Mais à Lamballe, rien, alors que le service de sécurité était sur le qui-vive autour de la boutique Leclerc…
Les manifestants sont clairs : « Tous les mercredis de février, des actions auront lieu. Le message doit remonter jusqu’aux centrales d’achat qui mettent actuellement la pression sur les industriels pour signer des contrats à la baisse. Cette attitude est inadmissible à peine quelques semaines après s’être engagées en signant une Charte de bonne conduite dans le cadre des négociations commerciales lors des Etats généraux de l’alimentation. »
Rémunérer justement tous les producteurs
Du côté de la distribution, on tente de montrer patte blanche. « Pour certaines références, j’achète la brique à 44 ct le litre », avance un commerçant. Mais les syndicalistes ne veulent pas voir les représentants des enseignes « s’acheter une image » en se servant de la segmentation ou en se cachant derrière un approvisionnement très local bien valorisé mais ne concernant qu’un faible proportion des volumes. « Ce ne sont pas « des » mais « les » producteurs de lait qui doivent être justement rémunérés. Vous venez de signer une Charte et dans vos rayons, on assiste à une vraie braderie », reprend une éleveuse, dégoûtée.
Le prix de base annuel en jeu
« Que les GMS affichent des -30 %, -50 % et même -70 % partout alors que l’Etat est sensé légiférer actuellement sur l’encadrement des promotions par exemple est très symbolique de la défiance de la distribution. Pire, aujourd’hui ici, pour 2 cartons de vin achetés, vous en emportez 3 gratuits ! », s’indigne Jean-Marc Lohier. Et de conclure : « Cette période de négociations commerciales qui s’étire jusqu’à la fin du mois est déterminante pour nous puisqu’elles donnent une orientation très forte concernant notre prix de base pour l’année. Partout dans l’Ouest, les actions vont donc continuer pour inviter les centrales d’achat à envoyer des signes positifs. Les « options » sont nombreuses : nous changerons probablement de crèmerie chaque semaine… » A mercredi.