Suite à l’émission Cash Investigation, la Coordination rurale (CR) demande des comptes. Les administrateurs de Sodiaal se défendent.
L’émission « Où va l’argent du beurre ? », annoncée comme une attaque du privé Lactalis a déstabilisé la coopérative Sodiaal. Le monde du lait a la migraine en pensant à la nébuleuse des comptes de la holding Sodiaal International. Le Costarmoricain Pascal Prigent, membre du bureau de la coopérative Sodiaal Union, et cinq administrateurs, ont tenté de répondre aux interrogations des adhérents de la CR à Malestroit (56), vendredi 26 janvier. « Nous devons trouver une rentabilité à tous les laits de France, y compris dans les zones défavorisées, délaissées par les privés. Certaines filiales du groupe gagnent de l’argent, d’autres en perdent. Sodiaal International les aide, les consolide ». La coopérative a redistribué 25 millions d’euros à ses adhérents l’an dernier, selon ses dirigeants (5 €/1 000 litres). Quant au « trésor de guerre » de 526 millions d’euros, il s’agit « d’immobilisations incorporelles au bilan de Sodiaal International (marques notamment) qui n’ont de valeur que si on les vend ».
Salaires des cadres
Les débats se sont rapidement recentrés sur les soucis du quotidien des éleveurs. « Produire plus de volume (en prix B) est un choix d’entrepreneur pris en connaissance du bénéfice-risque », rappelle l’administrateur. La difficulté à quitter rapidement une coopérative pour une autre laiterie agace les manifestants « Chacun a des engagements à respecter. Il en est de même lorsque vous souhaitez quitter votre Cuma. Sans ce respect, il ne peut y avoir de bonne gestion ». Les salaires des cadres exaspèrent. « Désormais, ils auront un fixe et une part variable selon les résultats de l’entreprise », rassure Pascal Prigent, brandissant sa feuille d’impôts pour montrer son indemnité de membre du bureau. Simplement de quoi se faire remplacer sur l’exploitation.
Régulation ?
La prise en compte du coût de production dans la fixation du prix du litre de lait, préconisé lors des États généraux de l’alimentation, est une demande de longue date de la Coordination rurale. « Si une loi contraint les laiteries, on le fera…, mais elle suppose une forme de protectionnisme », doute Patrice Binet, l’un des administrateurs.
Il prévient également des risques d’une trop forte segmentation qui obligerait les laiteries à collecter des laits différents. « L’harmonie de collecte permet d’économiser 11 millions d’euros par an… ». Quant à une éventuelle régulation de la production, « nous voulons convaincre les coopératives européennes de définir un modèle de régulation en fonction de la conjoncture ». Du travail en perspective.