Avec du fumier de bovins qui compose 90% des intrants, les associés de la SAS Méthabates ont fait le choix de la méthanisation thermophile. Le digesteur chauffé à 52°C digère plus facilement et rapidement ces matières pailleuses.
« Nous avons effectué les premières démarches pour notre projet de méthanisation en 2012. L’installateur a été choisi 2 ans plus tard et notre unité de méthanisation de 250 kW est en service depuis le mois de décembre dernier », témoigne Éric Réthoré, un des 3 associés du Gaec Réthoré-Belouin au Mesnil-en-Vallée (49). Ils se sont associés avec un agriculteur voisin pour créer l’unité de méthanisation. La motivation première des associés de la SAS Méthabates était de générer un revenu supplémentaire tout en étant autonome au niveau des intrants de la méthanisation. « Les déchets venant de l’extérieur commencent à se raréfier et leur prix augmente, de plus cela complexifie les choses », estime Éric Réthoré.
Le digesteur alimenté automatiquement 12 fois/jour
C’est une méthanisation par voie liquide avec comme intrant principal du fumier de bovins à hauteur de 90 % et les 10 % restants sont des Cive (cultures intermédiaires à vocation énergétique) et un peu de déchets de céréales. Les eaux pluviales, les eaux vertes et une partie du digestat (après séparation de phase) sont stockées dans une cuve de mélange. Les agriculteurs intègrent le fumier dans une fosse située à proximité de la cuve de mélange. « Lors du chargement de la fosse en fumier, le liquide est incorporé et mélangé au fumier à l’aide d’un agitateur pour le diluer. Nous arrivons à 12 % de MS après dilution des intrants. La fosse a une autonomie de 3 jours, ce qui correspond à environ 60 tonnes de matières diluées quotidiennement », décrit Landry Aubert, responsable technique du groupe Kerboas CDEAI qui a réalisé l’unité de méthanisation.
[caption id= »attachment_32551″ align= »aligncenter » width= »720″] Le fumier de bovins est incorporé dans une fosse à l’aide d’un chargeur articulé, il est ensuite dilué avec les eaux pluviales, les eaux vertes et une partie du digestat avant d’être envoyé dans le digesteur.[/caption]
La matière est ensuite transportée vers le digesteur en passant par une pompe dilacératrice (équipée de couteaux) permettant de la hacher finement. « Le digesteur est alimenté 12 fois par jour à intervalles réguliers avec 4,5 m3 d’intrants à chaque fois. Il faut nourrir les micro-organismes du digesteur avec des petites quantités et à intervalles réguliers pour qu’ils travaillent de façon stable », explique Landry Aubert.
[caption id= »attachment_32553″ align= »alignright » width= »249″] Patrick Gouriou, directeur général du groupe Kerboas CDEAI ; Éric Réthoré, un des 3 associés du Gaec Réthoré-Belouin et Landry Aubert, responsable technique du groupe Kerboas CDEAI.[/caption]
Une maintenance plus facile
Le digesteur de 1 000 m3 utile est isolé avec 20 cm de laine de verre tout autour et au-dessus, il fonctionne de façon thermophile. Il est chauffé à 52°C grâce à une partie de la chaleur produite par le moteur de cogénération. « Cette technique permet de mieux dégrader les matières pailleuses, ce qui est idéal ici avec des intrants composés à 90 % de fumier », déclare Patrick Gouriou, directeur général du groupe Kerboas CDEAI. Pour des questions de facilité lors de la maintenance, le digesteur ne possède pas d’agitateurs immergés. L’installateur a préféré installer un système gaz mixte avec pompe dilacératrice qui pompe la matière, la hache une nouvelle fois et la réinjecte en haut, au milieu et en bas du digesteur.
Un investissement de 2 millions d’euros
Chaque jour 60 m3 de matière fraîche sont incorporées au digesteur, par conséquent la même quantité est transférée vers le post-digesteur d’une capacité de 2 800 m3. La digestion de la matière se termine dans le post-digesteur mésophile, qui est à une température de 38 °C. Le digestat est ensuite dirigé vers un séparateur de phase, la partie liquide est stockée dans une fosse de 4 500 m3 avant épandage et la partie solide reste sous un hangar avant de retourner aux cultures. Patrick Gouriou insiste sur la conception de cette unité de méthanisation : « Nous ne faisons appel à aucun sous-traitant, ce qui est une de nos forces. De par notre expérience en traitement de lisier et en irrigation, nous avons dans notre entreprise tous les corps de métiers et toutes les compétences pour concevoir une unité de méthanisation de A à Z. » Un argument de poids pour les porteurs de projet vu le montant de l’investissement. Ici, pour 250 kW, le projet clé en main tout compris s’élève à 2 millions d’euros.
Le moteur de cogénération démarre lorsque le gaz est de bonne qualité
Le démarrage de l’unité de méthanisation s’est fait avec un peu de digestat venant de chez un méthaniseur proche de l’exploitation, du lisier de porc et des jus de fumière. La montée en température doit se faire progressivement assistée par une chaudière mobile fonctionnant au gaz ou au fioul. Dès que l’installation commence à produire un peu de biogaz, c’est alors le bon moment pour incorporer de la matière, ici fumier dilué, progressivement. « Au démarrage, le gaz produit qui est n’est pas de bonne qualité est brûlé par la torchère. Dès que la qualité s’améliore, c’est-à-dire environ 2 mois après le remplissage du digesteur, le moteur de cogénération est démarré. L’unité de méthanisation entre alors en fonctionnement normal et produit de la chaleur et de l’électricité », explique le responsable technique de chez Kerboas.