Prairies : viser la quantité et la qualité

Les prairies sont des cultures à part entière. Pour optimiser le rendement tout en respectant la réglementation, le raisonnement de la fertilisation est indispensable. Si l’azote joue un rôle prépondérant dans la productivité des prairies, les autres éléments comme le phosphore, la potasse et le soufre présentent un intérêt sur la qualité de l’herbe.

Contrairement aux autres cultures, plusieurs facteurs sont à prendre en compte pour ajuster les apports d’azote sur les prairies. Le calcul de la dose prévisionnelle d’azote est important pour optimiser la production et la qualité de l’herbe en prenant en compte tous les paramètres de l’exploitation et le respect de la réglementation. Dans cette contrainte réglementaire, il faut y voir une opportunité d’ajuster au mieux l’investissement de la fertilisation aux besoins de la culture. En particulier, la destination de la prairie (fauche ou pâturage) influencera le raisonnement de la fertilisation. Par exemple, si la prairie est pâturée, il ne faut pas oublier les restitutions par les déjections.

Gérer les légumineuses

Les prairies à dominante graminées ne se conduiront pas comme les associations graminées-légumineuses. Sur ces dernières, il est préférable de ne pas apporter d’azote en début de culture, car cela nuit au développement des légumineuses. Par contre, lorsqu’elles sont bien implantées, il est intéressant de leur donner un coup de fouet en relançant leur activité de fixation de l’azote en sortie d’hiver (dans la limite des 50 unités réglementaires, pour les prairies contenant plus de 30 % de légumineuses).

Reliquats azotés en sortie d’hiver

Cet hiver, les reliquats azotés s’annoncent plutôt faibles du fait des fortes précipitations observées depuis plusieurs semaines (300 mm relevés depuis le 01/12/2017 à notre station de Trébrivan, 22). De plus, le mois de janvier aura été assez doux et les 200°C (jour base 0 depuis le 1er janvier) sont déjà atteints sur toute la Bretagne. Les interventions devront donc intervenir dès que le passage des engins dans les parcelles sera possible.

Le fractionnement des apports reste primordial. Cependant, l’utilisation d’engrais comme l’Entec, qui contient un retardateur de nitrification, apporte de la souplesse dans la conduite. Ceux-ci permettent de prolonger la stabilité de l’azote dans le sol et induisent une meilleure valorisation même lors d’apports importants.

[caption id= »attachment_32443″ align= »aligncenter » width= »720″]epandeur-engrais L’apport d’engrais comme l’Entec, qui contient un retardateur de nitrification, apporte de la souplesse dans la conduite de la fertilisation.[/caption]

L’intérêt du P et du K

Comme pour les autres cultures, il faudra raisonner les doses en fonction des types d’effluents, car les dynamiques de mobilisation des éléments nutritifs peuvent varier très fortement. Ces apports présentent l’avantage de fournir de l’azote, mais aussi du phosphore et de la potasse. Ces deux éléments sont indispensables pour une bonne valorisation de l’azote. Ils permettent d’assurer une bonne longévité des prairies en favorisant le développement des espèces implantées au détriment des adventices.

Le phosphore et la potasse jouent aussi un rôle déterminant dans la production de fourrages de qualité. Pour ces éléments, il n’y a pas de règles de calcul aussi précises que pour l’azote. L’analyse de sol est un préalable indispensable pour bien connaître les niveaux disponibles dans le réservoir sol.

Raisonner le chaulage

Comme pour les autres cultures le pH qui permet la meilleure valorisation des éléments nutritifs doit se situer au-dessus de 6. Il est donc nécessaire d’effectuer des analyses de sol afin de raisonner le chaulage.

Comment calculer le plan annuel de fertilisation en 4 étapes

l – Estimer les ressources en effluents (quantité, composition).
2 – Évaluer les besoins selon les types de sols et les types de prairies.
3 – Répartir les quantités d’effluents en tenant compte de la capacité de stockage et des périodes d’apport à respecter (cf. Programme d’action de la directive nitrate en zone vulnérable).
4 – Calculer l’équivalence engrais de ces effluents et compléter par des engrais et amendements minéraux pour s’ajuster aux besoins. En fauche, l’herbe exporte des quantités Importantes d’éléments notamment en potassium et en azote. La fertilisation raisonnée tient compte des exportations et des réserves des sols dans le calcul des apports.

Exportation en kg d’élément/ha Azote (N)* Phosphore (P2O5)** Potasse (K2O)** Magnésium (MgO)**
Dans 7t de MS en foin de prairie permanente 140 50 210 20
Dans 10t de MS d’ensilage de prairie temporaire 230 60 300 30
Dans 10t de MS de foin de luzerne 200 60 260 40

* Valeurs maximales d’apport d’après le référentiel régional (Gren)
**d’après Corpen et Comifer 2007


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