500 ha à trouver en ateliers laitiers ou hors-sols pour lancer l’unité de déshydratation

Lénaïg Déniel et Charles David, conseillers, acompagnant jean-Jacques René, élu à la Chambre d’agriculture de Bretagne. - Illustration 500 ha à trouver en ateliers laitiers ou hors-sols pour lancer l’unité de déshydratation
Lénaïg Déniel et Charles David, conseillers, acompagnant jean-Jacques René, élu à la Chambre d’agriculture de Bretagne.
Sur la Baie de Saint-Brieuc, des agriculteurs portent un projet susceptible d’intéresser tous les éleveurs et les céréaliers, car les fourrages à déshydrater, notamment la luzerne, peuvent être consommés sur l’exploitation ou revendus sur pied.

Sur le territoire de la Baie de Saint-Brieuc, la réflexion sur la déshydratation des fourrages est entamée depuis plusieurs années. Dès 2016, un groupe de travail a été mis en place sur le bassin versant du Gouët et a débouché sur la visite de l’usine de la Codéma à Changé en Mayenne (structure aujourd’hui fusionnée avec la Coopédom à Domagné en Ille-et-Vilaine sous le nom de Déshyouest). « Or, dans le cadre de Baie 2027, le 2e plan de lutte contre les algues vertes, le renforcement du volet économie et la nécessité de développer de nouvelles filières pour atteindre les objectifs fixés relance encore davantage l’intérêt de s’intéresser à la déshydratation », explique Jean-Jacques René, élu à la Chambre d’agriculture sur le dossier Climat – énergie.

15 km autour du Fœil et de Quessoy

Des réunions sont actuellement menées pour prendre la température auprès des producteurs. L’idée : recenser les surfaces pouvant potentiellement être engagées dans le projet. « Pour pouvoir lancer une unité, il faut qu’il en sorte au minimum 5 000 t de matière sèche par an. Ce qui correspond grossièrement à 500 ha de fourrages produits », chiffrent Lénaïg Déniel et Charles David, conseillers à la Chambre d’agriculture qui suivent le projet. Le moment choisi pour ce sondage sur le terrain n’est pas un hasard. Il vient à un moment où des opportunités en termes de disponibilité de la chaleur émergent. Au Fœil, existe un projet de construction d’un méthaniseur important produisant du biogaz. À Quessoy, on travaille sur l’installation d’une chaufferie de biomasse dédiée au séchage du kaolin de l’usine Soka. « Plus qu’une unité de séchage en grange collective, la piste d’une usine de déshydratation a semblé la meilleure option. À condition d’être suffisamment alimentée. »

Le tambour de déshydratation peut recevoir un fourrage à 30 ou 35 % de matière sèche : de petites fenêtres météo suffisent donc pour récolter par rapport à une orientation foin. « Mais la matière à sécher doit provenir d’une zone proche de l’unité. On parle généralement d’un rayon de 15 km autour du site. » Au Fœil, par exemple, les surfaces concernées par cette délimitation concernent plus de 6 000 ha de maïs et plus de 6 000 ha de prairies (temporaires ou permanente). Il y a donc un véritable potentiel de départ.

« Porter à nouveau des projets collectivement »

D’autant qu’il ne faut pas restreindre ce projet à une clientèle exclusive d’éleveurs laitiers. Il y a là une opportunité pour casser les rotations simplifiées des ateliers hors-sol enchaînant souvent maïs et céréales. « C’est l’occasion d’introduire dans notre assolement des plantes pérennes comme la luzerne qui permet au sol de se reposer, une légumineuse qui va jouer en faveur de la fixation d’azote… Et puis les cultures annuelles sont coûteuses, gourmandes en passages et en matériel, et parfois stressantes », appuie Jean-Jacques René. Du côté de Déshyouest, la tonne de matière sèche sur pied payée à un agriculteur (en volaille, porc ou grandes cultures) qui ne récupère pas son fourrage tourne autour de 60 € / t. Le producteur de porc fait le calcul : « Économiquement, en ajoutant la prime Pac du second pilier liée à la production de légumineuses en pure, l’intérêt pourrait être au rendez-vous. »

En bio ou en conventionnel, les laitiers apprécient

Comme repère, les conseillers prennent l’exemple de Déshyouest. Pour un éleveur qui produit de la luzerne et la récupère livrée déshydratée pour entrer dans sa ration, la prestation s’élève à 150 € / t. Au Gaec Samson, au Theil-de-Bretagne (35), les éleveurs apprécient l’intérêt de la luzerne dans l’alimentation : « Un plus pour la santé de nos vaches hautes productrices, une diversification des sources de protéines et une plante qui évite les rotations maïs – blé – maïs… » Au Gaec de la Branchette, à Argentré-du-Plessis (35), les associés cultivent du maïs, du trèfle violet et de la luzerne pour la déshydratation.

« Comme la structure accompagne et récolte, ce choix nous dégage du temps. Les produits déshydratés se stockent et se conservent très bien. Leur distribution est simple et ils sont la base de la ration. Et sans les fermentations acides des ensilages, nous n’avons pas de problèmes sanitaires, de cellules ou de butyriques. En bio, nous tournons à 8 500 L / vache / an avec des premiers vêlages à 24 mois. » Pour Lénaïg Déniel, la déshydratation a de nombreux avantages : « Autonomie alimentaire, source de protéines locales et non-OGM, moindre dépendance aux importations de concentrés, moins de perte lors de la conservation par rapport à l’ensilage ou au foin, amélioration de la biodiversité, valorisation de surfaces éloignées du siège de l’exploitation… »

Dernière réunion : Mercredi 4 avril à 14 h à la salle des fêtes à Saint Donan. Contact : Lénaïg Déniel, au 06 38 31 34 78 ou lenaig.deniel@bretagne.chambagri.fr


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