Les vaches armoricaines sont arrivées sur l’élevage peu de temps après l’installation de Jérémy Renaud, dans le but de fertiliser les terres. La vente des veaux et des bœufs va désormais participer à la rentabilité de l’exploitation.
« Ici, les terres sont peu profondes, les éleveurs gardent leur fumier », commence Jérémy Renaud, agriculteur à Sainte-Anne-sur-Vilaine, pas très loin de Redon. Quand il a repris cette ferme à partir de 2015, l’objectif était de la consacrer aux cultures uniquement. « Pour avoir de la matière organique pour mes sols, j’ai décidé de constituer un troupeau de bovins. »
Une race menacée
En cohérence avec ses cultures de céréales anciennes, le producteur a fait le choix de la biodiversité côté animal également. « Je me suis orienté vers l’Armoricaine car c’est une des races locales les plus menacées avec la Froment du Léon. Je voulais aussi une race docile et rustique qui valorise très bien l’herbe, vêle toute seule et adaptée au plein air car je n’ai quasiment pas de bâtiments. » Des qualités que l’agriculteur a trouvées dans la vache à la robe rouge tachetée de blanc. Fin 2016, la race comptait 400 femelles et 85 éleveurs quasi exclusivement en Bretagne.
Le troupeau de Jérémy Renaud comprend aussi quelques Normandes qui lui ont permis d’amorcer son activité de viande bovine. « Peu de vaches armoricaines sont en vente. Elles sont d’ailleurs réformées entre 10 et 15 ans d’âge. » Les vaches sont nourries avec 100 % d’herbe, pâturage ou foin (et ponctuellement en fin d’hiver pour les mères, un peu de son ou de mélange céréalier de la ferme). « Il ne faut surtout pas leur donner de maïs car l’Armoricaine a tendance à faire du gras. Ce qui lui confère en contrepartie une viande persillée et tendre… » Pour assurer la reproduction, le producteur a investi dans un jeune taureau, Mikell.
Atelier de découpe en Cuma
Grâce à son lait riche, cette race (mixte à la base) offre un bon potentiel de croissance à ses veaux, fins d’os et musclés. « Quelques éleveurs l’intègrent en troupeau laitier. » Jérémy Renaud commercialise lui des bœufs et des veaux sous la mère. « Les produits sont vendus en direct à des particuliers et à un restaurant sur Nantes. Le troupeau s’agrandit et il y a un mois, j’ai rejoint le groupement de producteurs Brin d’herbe pour compléter mes circuits de distribution. Un atelier de découpe en Cuma a été créé et un boucher embauché dans le nouveau magasin de Chantepie. Je souhaite vendre tous mes produits bovins dans ce magasin. Une petite partie va toutefois dans un restaurant sur Nantes. »
Riches expériences à l’étranger
Avant de s’installer, Jérémy Renaud s’est enrichi de nombreuses expériences professionnelles. « Après mon DUT agronomie, je ne me voyais pas aller donner des conseils aux agriculteurs. J’ai alors travaillé dans des fermes en France, aux Pays-Bas, au Canada. » Puis, pendant deux ans et demi, il œuvre au développement agricole au Burkina Faso et favorise les échanges entre organisations paysannes d’Afrique de l’Ouest.
Après ces expériences, il décide de poursuivre des études jusqu’à l’obtention d’un DESS dans le développement rural. Son mémoire de fin d’études l’amène au Cambodge où il étudie l’impact de projets agricoles. Revenant en France, il travaille à l’accompagnement des agriculteurs, dans le Morbihan, puis en Loire-Atlantique. Puis l’envie de monter son propre projet s’affirme et Jérémy décide de reprendre les 35 ha de terres qui se libéraient sur la ferme autrefois tenue par ses grands-parents. « Des surfaces certifiées bio depuis 2000. »
Des surfaces en plus
Pour lancer son projet, il est accompagné pendant un an et demi par la Coopérative d’installation en agriculture paysanne (Ciap). Cette structure aide les porteurs de projets via des formations, des stages et un prêt en trésorerie et petit investissement. Au printemps 2017, l’agriculteur acquiert 25 ha supplémentaires sur Langon, actuellement en conversion bio. « Ces surfaces vont me permettre d’allonger les rotations des pâtures, qui restent en place seulement trois ans actuellement. »
Farines et pâtes sèches de haute valeur nutritionnelle
[caption id= »attachment_33812″ align= »aligncenter » width= »720″] Les céréales sont transformées en farines et pâtes sèches.[/caption]
Des variétés anciennes de céréales panifiables sont cultivées sur la ferme : blés tendres et poulards, seigles, ou encore amidonnier, parfois appelé épeautre de tartarie ou épeautre de mars. « Très faible en rendement, l’amidonnier offre une qualité nutritionnelle exceptionnelle avec une teneur en fibres très élevée, beaucoup de protéines, de vitamine B, magnésium, fer et zinc. » Jérémy Renaud produit aussi du sarrasin, du maïs population pour l’alimentation humaine et débute sur ce printemps la culture de lentilles vertes. Les céréales sont transformées en farine et en pâtes sèches via des prestataires extérieurs et sont commercialisées via des sites Internet de producteurs, des Amap et des épiceries locales. « Je fais aussi du mélange céréales-légumineuses vendu concassé en petit conditionnement pour l’élevage domestique (volaille, mouton, chèvre…) et des petites bottes de paille pour la construction ou les jardins. »
Pour en savoir plus
- Ferme Ty R’ Nao – Jérémy Renaud, La Grée Bouju, 35390 Sainte-Anne-sur-Vilaine – Tél. : 06 88 87 59 09 – Mail : fermetyrnao@gmail.com
- Site de l’association des éleveurs de la race armoricaine : www.vache-armoricaine.org
- Site des races bretonnes : www.races-de-bretagne.fr