Le désherbage de la betterave bio après un semis direct s’avère être une opération très délicate. Comment résoudre le problème? En supprimant cette étape! C’est en tout cas la solution proposée par Thomas Plants.
Implantés à Ploubazlanec, au cœur de la zone légumière armoricaine, Michel et Jean-Yves Thomas exploitent aujourd’hui 7,5 ha de serres et 6 ha en extérieur. En 1980, les deux frères s’installent en production de tomates sous serre, puis, observant l’expansion des cultures de légumes dans la région, ils se tournent rapidement vers la production de jeunes plants. « Dans les années 90, nous montions 1 ha de serre tous les 2 ans », explique Michel Thomas.
30 ans plus tard l’entreprise compte 80 ETP et produit chaque année 100 millions de plants de chou, 20 millions de plants de tomates pour l’industrie et 3,5 millions de plants greffés en tomates et aubergines. S’ajoutent de nombreuses autres productions de diversification telles que céleri, oignon, salade, herbes aromatiques, fenouil, patate douce et d’autres encore.
Le pari du bio
« Nous avons démarré notre production de plants bio il y a 20 ans, lorsque les premiers producteurs de légumes ont commencé à choisir ce mode de production, précise Michel Thomas. Cela nous a paru logique de suivre le virage pris par nos clients ». « En production conventionnelle sous serre, l’utilisation des pesticides a littéralement chuté », confie-t-il. « Et pour aller jusqu’au bout de notre logique, nous avons également développé notre propre élevage d’insectes auxiliaires et mis en place la lutte biologique sur toutes nos productions de plants ». À ce jour, l’entreprise réalise 7 % de son activité sur le plant bio et parie sur son expansion.
La betterave fourragère, nouvel axe de développement
[caption id= »attachment_33670″ align= »alignright » width= »246″] Éric Guillou présente les mini-mottes de betteraves bio, en culture actuellement.[/caption]
Le désherbage de la betterave fourragère biologique semée directement est une étape extrêmement critique de sa culture. Le jeune plant se développe au même rythme que les adventices et entre ainsi en compétition avec elles. Les méthodes de désherbage mécaniques employées ne donnent pas réelle satisfaction, oscillant jusqu’à présent entre inefficacité et impact destructeur sur la culture.
Sollicitée par un éleveur rennais, l’entreprise Thomas Plants a donc mis en place une production de mini-mottes de betteraves. « L’idée est simple », explique Éric Guillou qui suit la production biologique de l’entreprise. « Il s’agit de repiquer en terre des jeunes plants déjà développés au stade 3 à 4 feuilles et ainsi supprimer les étapes de germination et de croissance de la plantule ».
Pour produire ces mini-mottes de betteraves, Thomas Plants a transposé son savoir-faire et son équipement aux particularités de l’espèce. « Il a fallu nous adapter à une graine beaucoup plus grosse que celles que nous travaillions habituellement », détaille Éric Guillou. « Nous avons également porté une grande vigilance sur la densité de la motte. Il faut qu’elle soit suffisamment compacte pour bien tomber à la plantation, mais pas trop pour ne pas étouffer le développement des racines. »
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Après préparation des plaques de semis, les graines sont déposées dans chaque alvéole automatiquement.[/box]
Pour le reste, le savoir-faire de l’entreprise est présent à toutes les étapes. Les plaques de semis sont lavées et désinfectées en ligne juste avant remplissage. Le terreau bio utilisé est une formule identique pour l’ensemble de la production biologique de l’entreprise, son comportement est donc parfaitement connu. La semence, fournie par le client, est déposée automatiquement dans les 315 alvéoles que comportent les plaques, sur un lit de semence régulier et maîtrisé. Les plantules sont élevées sous serre avant de pouvoir être expédiées chez le client et repiquées en pleine terre. Un étiquetage à la caisse permet une traçabilité des données au lot et à la semaine.
« Les essais réalisés l’année passée ont été très satisfaisants, se félicite Michel Thomas. Avec 40 000 mottes par hectare, nous avons obtenu un rendement de 20 tonnes de matière sèche par hectare. En améliorant encore le protocole de plantation, notamment la préparation du sol, et en adaptant la densité des plants, nous pourrons même envisager d’atteindre des rendements supérieurs à ceux du conventionnel ».
Quel bilan technico-économique?
« Les essais ont également permis une approche technico-économique », annonce le chef d’entreprise. La première économie réside sur le coût de la semence puisque nous en utilisons deux fois moins pour la production de mottes que pour un semis direct. Le coût d’achat des mini-mottes reste important, mais il est rapidement amoindri par le gain de temps au désherbage précoce et surtout par une sécurisation de la production tout entière. »
Fort de cette expérience, Michel Thomas envisage un développement de sa production de mini-mottes. « Nous avons pour objectif d’en produire 3 millions dès 2018 et nous espérons atteindre les 20 millions de plants d’ici 3 ans. Nous étudions également un investissement dans une planteuse à mottes pour pouvoir proposer à nos clients une prestation clé en main ».
Après avoir découragé nombre d’éleveurs par les difficultés qu’elle présente au désherbage, la betterave fourragère reprend une place intéressante dans le système fourrager des élevages bio. La solution proposée par Thomas Plants est un bel exemple de transposition de savoir-faire entre maraîchers et éleveurs.
Contact
• Thomas Plants : Michel Thomas : michel@thomas-plants.com
• Contacts Triskalia Filière Bio – Responsable filière Agriculture Biologique : Clara Baudoin, 02 30 82 81 57.
• Technicien bio 29 : Michel Roudaut, 06 63 37 19 86.
• Technicien bio 22 et nord 35 : Frédéric Gazan 06 89 90 16 46.
• Technicien bio 56 et sud 35 : Damien Ganne, 06 70 35 77 75.
Clara Baudoin – Triskalia