Ancien maraîcher, Thierry Brochain s’est lancé dans la production de sève de bouleau. Un véritable élixir pour les adeptes des cures de détox.
Le sourire est un peu forcé. En ce début du mois de mars, Thierry Brochain n’a pas la mine des grands jours. La saison est avancée et les bouleaux du Lac au Duc à Ploërmel (56) n’ont pas produit la sève escomptée. « L’hiver est atypique, trop doux en décembre et janvier, glacial en février ». À peine 10 % de la récolte habituelle. Dans les autres régions, la Sologne, la Vendée ou le Pays Basque, où l’ancien maraîcher collecte son or blanc, le constat est le même. « Ce sont des effets du changement climatique », dit-il, fataliste. Le bouleau produit en moyenne un litre de sève par jour, pendant trois semaines en fin d’hiver, avec des variations importantes selon les arbres. Certains produisent jusqu’à 4 litres, d’autres pas du tout. En année normale, la société Au pied de mon arbre, qu’il a créé il y a une vingtaine d’années, commercialise jusqu’à 40 000 litres de sève.
[caption id= »attachment_33521″ align= »aligncenter » width= »720″] Un petit trou à la chignole derrière l’écorce et la sève s’écoule.[/caption]
Maraîcher bio
Tout a démarré dans le Limousin. « Mon objectif initial était de valoriser les richesses naturelles sauvages du terroir de la Creuse (nord du Massif central) par la cueillette de baies et fruits sauvages, de champignons, de plantes médicinales, de lichens… Parallèlement, je faisais des essais de culture biologique de fruits telles que la framboise, la myrtille ou la fraise, dans le but de m’installer en tant que producteur de fruits bio ». Pas vraiment une sinécure. « À l’époque, les critiques allaient bon train disant que ces cultures étaient impossibles en bio. C’était le temps où il fallait cacher le logo bio sous peine de se faire traiter de fou », plaisante le producteur. À l’occasion d’un voyage en Finlande, il découvre la collecte de sève en forêt et s’intéresse à ses bienfaits sur la santé ».
Une trentaine d’hectares
Actuellement, Au pied de mon arbre récolte la sève de bouleau sur plus de 30 ha de forêts dans plusieurs régions de France. « Je repère la plupart des sites en me promenant et en faisant du VTT. Je contacte ensuite les propriétaires pour obtenir l’autorisation de collecte ». Le bouleau est un arbre colonisateur. Il s’implante rapidement dans des espaces libres. Il vit une cinquantaine d’années et cède progressivement la place à d’autres espèces, comme le chêne ou le hêtre. « Dans un même endroit, ils sont souvent de la même génération et en nombre suffisant pour être exploités ».
De février à avril, Thierry Brochain, accompagné de saisonniers, perce des petits trous derrière l’écorce des arbres, à la chignole, dans lesquels ils installent des chandelles et des tuyaux reliés à des bidons. « La sève s’écoule mais l’arbre se défend en produisant un cicatrisant qui, si on le laisse, bouche progressivement le tuyau et donne un goût prononcé à la sève récoltée ». Après la collecte, les trous sont bouchés à l’aide d’un pansement à base d’argile.
Internet et magasins bio
La sève fraîche est expédiée, dès la collecte, aux consommateurs via le site Internet de la société ou à travers un réseau de magasins bio, accompagnés de packs de glace et protégés par des emballages isolants. La société exporte une partie de sa production dans divers pays européens. À un prix variant de 4 à 8 euros selon le volume commandé. Une partie de la production est pasteurisée pour une plus longue conservation. « La sève de bouleau est diurétique, elle ne se boit pas à l’année. Des cures de 21 jours sont préconisées, surtout en sortie d’hiver, à raison de 15 cl par jour ». Pour cette année, la sève fraîche se fera plus rare. Les adeptes des cures de détox devront patienter ou se reporter sur d’autres essences.
Anti-imflammatoire et bénéfique pour le microbiote
Contact : Au pied de mon arbre. www.seve2bouleau.com