Le sol couvert retient la pluie

L’érosion peut devenir très forte en cas de fortes précipitations. Un sol bien couvert retient la terre et l’eau. © Arvalis, Institut du Végétal. - Illustration Le sol couvert retient la pluie
L’érosion peut devenir très forte en cas de fortes précipitations. Un sol bien couvert retient la terre et l’eau. © Arvalis, Institut du Végétal.
Un sol couvert limite fortement l’érosion, retient l’eau dans les champs et produit de l’énergie. Une façon de diminuer les pollutions et les émissions de C02.

« Au bassin versant de l’Arguenon-Penthièvre, ce sont 7 t de sédiments qui sont retirés tous les jours. Les taux de matières organiques chutent », introduit Pascal Renault, en charge des politiques agri-environnementales à la région Bretagne. « Après la sortie des bassins versants contentieux, il faut retrouver les performances économiques, en sortant du schéma maïs/gasoil/soja/ammonitrate. Vous avez des pistes par rapport à ces enjeux », pense le responsable, en s’adressant aux adhérents de l’association Sols d’Armorique, association favorisant les techniques de semis direct sous couvert végétal.

Travail du sol et pollution

Pour Konrad Schreiber, chef de projet à l’Institut de l’Agriculture Durable (IAD), « l’érosion des sols est le problème numéro 1. L’eau dégrade les sols et le sol dégrade l’eau ». Sur des tests de stabilité structurale, les sols labourés fondent comme du sucre. « Le travail du sol est le principal facteur de pollution, en broyant les agrégats. Passer d’un sol nu à un sol couvert est le seul axe de bataille », estime-t-il. Le passage d’outils divers a même des conséquences sur les taux de CO2 de l’air. « Le travail du sol produit du protoxyde d’azote. 1 kg de protoxyde est équivalent à 300 kg de CO2 dans l’air. C’est un sujet de taille ».

[caption id= »attachment_33851″ align= »aligncenter » width= »720″]Konrad Schreiber, de l’IAD. Konrad Schreiber, de l’IAD.[/caption]

Garder l’eau au champ

Sur une étude menée sur le bassin de l’Adour Garonne, comprenant des agriculteurs de profils différents (production de grandes cultures, de polyculture lait ou ovin, et de producteurs de volailles), les 11 exploitations les plus avancées ont 90 % de couverture des sols à l’année, avec une perturbation des sols proche de zéro et une diversité de culture supérieure à 4. « Les 20 jours de sol nu représentent l’écart entre la récolte et le semis. Chez les témoins, le sol n’est pas couvert pendant 150 jours : 1 seule culture est possible ». Ces parcelles sujettes à l’érosion laissent partir des éléments, dont le carbone (C).

« En conventionnel, les pertes sont estimées à 300 kg de C/ha et par an, soit 600 kg d’humus, quand un système en semis direct gagne 1,2 t d’humus par ha et par an ». Cette matière organique augmente la quantité d’eau que peut garder un sol. « Un sol a teneur de matière organique de 1,5 % gardera 1 230 m3. À 4 %, ce volume passe à 2 560 m3. Sur ce secteur géographique, le fait d’augmenter les teneurs en matières organiques représenterait 4 milliards de m3 qui ne ruisselleraient pas dans les rivières. Ce n’est jamais pris en compte dans les plans Eau pour la prévention des inondations ».

Produire plus avec moins

La production d’énergie permise par les cultures se mesure en kilocalories, et peut être convertie en tonne d’équivalent pétrole (tep). « En labour, il faut 0,5 ha pour produire 1 tonne de pétrole. Cette surface est diminuée à 0,3 ha en semis direct. Mieux, quand je consomme 1 t de pétrole en agriculture conventionnelle, je produis 6,6 tep. Le semis direct produit 8,2 tep pour 1 t de pétrole mobilisé : je produis plus avec moins. L’agriculture biologique produit quant à elle 1,4 tep pour 1 tonne de pétrole utilisée ». Et le spécialiste de conclure : « On ne connaît pas le potentiel des végétaux. Quand ils se mettent à produire, on a des surprises ».


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