L’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs du Finistère a beaucoup parlé des demandes sociétales et de l’installation. La volaille représente parfaitement les demandes de toutes les filières.
L’exemple de la production de volaille de chair illustre à lui seul les débats qui ont animé l’assemblée générale des Jeunes Agriculteurs du Finistère, réunis la semaine dernière à Châteaulin. Le département a enregistré 135 installations aidées l’année dernière, hissant le Finistère au 2e rang national. 21 ont choisi la production de volaille, 9 sont des créations. « Il y a de réelles opportunités de reprises, les groupements en ont pris conscience, et les aides PCAEA sont toujours un plus », confie Anthony Taoc.
La demande de renouvellement des générations est bel et bien là. « Il y a malgré tout des points de vigilance à avoir : il ne faut pas dépasser les 100 €/m2, en regroupant l’achat et la rénovation d’un bâtiment, pour s’installer. Certains voudraient vendre plus cher que ce que le bâtiment leur a coûté ». La filière avicole reflète les maux connus dans toutes les productions, avec des investissements qui se doivent d’être raisonnables et cohérents lors de son installation.
Des fenêtres dans l’élevage
L’aviculteur poursuit : « La production porcine a connu la mise aux normes en 2007. Ce sera à notre tour d’ici 2020, des opérateurs comme LDC imposant déjà des fenêtres dans les bâtiments. C’est un investissement improductif à faire, de l’ordre de 13 €/m2 ». La demande sociétale frappe de plein fouet les élevages, « mais attention à ne pas se plier à des contraintes soumises par 1 % de la population, qui est anti-viande », rappelle Stéphane Cornec, président des JA 29.
Anthony Taoc émet son inquiétude face au groupe Doux, « qui représente 1 000 salariés dans le secteur de Châteaulin, 300 éleveurs pour une surface de poulailler d’1 million de m2. Une piste évoquée serait de sous-traiter la production de poulet standard en Ukraine, les éleveurs bretons produiraient des animaux nourris au lin, à destination des pays européens. Mais comment faire travailler ce million de m2 sur un marché qui pour l’heure actuelle est inexistant ? »
La montée en gamme exaspère
L’histoire de la production avicole fait réagir. La montée en gamme, prônée par des responsables politiques pour faire face à la crise, exaspère. « Mes vaches sortent 9 mois de l’année, dorment sur des matelas, et le petit veau qui naît dort sur de la paille d’orge. Comment puis-je monter en gamme ? Et est-ce que je gagnerais mieux ma vie ? », se questionne Sébastien Louzaouen, producteur de lait sur Ploumoguer. Une GMS promet actuellement de rémunérer le producteur à hauteur de 44 centimes du litre. Mais cette opération n’engage que « 5 millions de litres de lait. 10 fermes du Finistère couvrent ce volume. Et les autres ? ».
Une installation représente cinq emplois
Venu assisté à l’assemblée générale, Pierre-Marie Vouillot, producteur de lait dans le Doubs (25) et vice-président national pour les JA, rappelle que « se battre pour l’installation, c’est de battre pour son territoire, ses coopératives. Une installation, ce sont 5 emplois créés non délocalisables. Il faut faire du repérage dans les campagnes, certains producteurs partant à la retraite pensent que leur outil ne peut pas servir à installer un jeune. Or leurs fermes ne partiront pas forcément à l’agrandissement, et peuvent être un support pour une autre activité ». Le responsable prône aussi la promotion de la passion du métier « qu’il faut transmettre. C’est pour cela qu’un tiers des jeunes qui s’installent sont hors cadre ». Renouveler les générations, en investissant dans des outils pour un montant raisonnable, tels sont les défis des jeunes de demain.
[caption id= »attachment_33509″ align= »alignright » width= »152″] Stéphane Cornec, président des Jeunes Agriculteurs[/caption]
Non à la prime à la médiocrité
Un dossier qui nous a pris énormément de temps cette année est la déchéance de la DJA, qui pour nous est une prime à la médiocrité. Si un Jeune Agriculteur perçoit plus de 3 Smic de revenu, on lui demande le remboursement de cette DJA. C’est inadmissible. Nous attendons aujourd’hui des réponses, mais le ministre ne veut rien savoir.Stéphane Cornec, président des Jeunes Agriculteurs