Enfin ? Si vite ? La révolution numérique pourrait bien jaillir d’un coup. Terrassant notre vieux monde industriel de graisse et de métal sous le joug du nouveau monde des robots et de l’intelligence artificielle ; y compris en agriculture.
Plusieurs ingrédients plaident pour un changement proche et peut-être même radical. Le retour de l’inflation et la montée des taux d’intérêt risquent d’inciter les entreprises à changer de stratégie pour des raisons purement économiques. Le changement pourrait aussi s’emballer par le simple fait que les entreprises n’arrivent plus à recruter la main-d’œuvre qualifiée qu’elles recherchent. Motif supplémentaire pour se tourner vers la robotisation.
Le danger de ce bouleversement – parce que c’en est un – réside dans la polarisation encore plus grande de l’emploi. C’est-à-dire la disparition des emplois intermédiaires occupés par les classes moyennes au profit du développement d’emplois peu qualifiés et peu rémunérateurs dans les services ; avec, à l’autre bout de l’échelle, des emplois très qualifiés, mieux payés, portés par les technologies, mais nettement moins nombreux. La formation apparaît à cet égard encore plus essentielle pour gagner en agilité comme on dit aujourd’hui ; ou autrement dit : pour ne pas rester sur la touche.
Cette polarisation de l’emploi aura des conséquences sur le pouvoir d’achat des actifs, et par ricochet des retraités tributaires des revenus des travailleurs. C’est aussi pour cette raison que les prix des produits de grande consommation ont peu de chance d’augmenter dans les prochaines années. Y compris – surtout – ceux des produits alimentaires. L’Histoire a en effet maintes fois montré que la paix sociale a un prix : le prix de l’alimentation bon marché.