Il la voulait cette zone artisanale avec ses belles allées bitumées, ses trottoirs tracés au cordeau et ses lampadaires design. Et, quitte à aménager un lieu pour accueillir les entreprises autant voir grand : 7 ha d’un seul tenant ce n’était pas trop pour les ambitions de Monsieur le Maire qui ne cessait de répéter que si une entreprise venait frapper à la porte de la commune, il valait mieux être prêt. Aujourd’hui, Monsieur le Maire n’est plus là, mais la zone artisanale si. Enfin, artisanale, elle n’en a que le nom. Encore une chance que l’opposition n’ait pas poussé le vice jusqu’à baptiser le boulevard principal de ce no man land du nom de l’ancien premier magistrat. Mais c’est tout comme puisque tout le monde le nomme ainsi.
Quinze ans plus tard, aucune entreprise ne s’y est installée. Bien sûr, un jour, un bruit a couru qu’un terrain avait été vendu. Mais en fait il n’y a que des ronces qui ont couru sur ce terrain. Tant et si bien que le successeur de l’ambitieux maire a dû se résoudre à demander à l’agriculteur exproprié s’il ne pouvait pas semer des pâtures pour entretenir les terrains. À l’heure où les budgets des collectivités locales fanent comme une fleur de chardon fraîchement fauchée, toute économie est bonne à récolter. L’agriculteur a fait mine d’hésiter. Histoire d’arracher au maire une gratuité et un droit d’eau pour l’abreuvement des génisses. Avec 20 compteurs, le point d’eau n’est jamais loin ! Et la nuit, la double rangée de lampadaires donne une ambiance particulière à cette pâture sur laquelle les génisses peuvent faire nocturne sans craindre le prédateur. Surtout depuis que de nouveaux éclairages Led ont remplacé les anciens. Car, il n’y a pas de petites économies…